Les urgentistes se déchirent autour de leur nouveau DES

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Les urgentistes se déchirent autour de leur nouveau DES

Avec la réforme du troisième cycle, la médecine d’urgence va enfin disposer de son propre DES. Les patrons sont à fond derrière ce projet, qui va faire de leur discipline une spécialité à part entière. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Décryptage.

Entre les urgentistes et la réforme du troisième cycle, c’est l’amour vache. Une partie de la profession se réjouit d’avoir prochainement un DES à elle toute seule. Une autre critique l’hyperspécialisation qui découlera de cette nouvelle formation. Une situation que l’actuelle grève des internes vient encore compliquer.

« Cela fait longtemps que nous souhaitions que la médecine d’urgence devienne une spécialité à part entière », se réjouit le Pr Pierre-Yves Gueugniaud, président de la Société française de médecine d’urgence (SFMU) et patron des urgences de l’hôpital Edouard-Herriot à Lyon. Celui-ci estime en effet qu’avec un DES de quatre ans, les futurs urgentistes seront mieux formés que ceux d’aujourd’hui.

 « La formation actuelle [deux ans de Desc, généralement après un DES de médecine générale, ndlr] est insuffisante, compte tenu de de l’étendue des compétences que l’on demande aux urgentistes », estime Pierre-Yves Gueugniaud. « Le simple fait de à une maquette en quatre ans est un plus indéniable. » Si le Lyonnais a un regret, c’est que la réforme ne fixe pas la durée du nouveau DES à cinq ans, « comme pour les autres spécialités un peu complexes ».

« Une réforme de PU »
Une analyse que réfute totalement le Dr Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) et responsable CGT. « Nous sommes en désaccord complet avec cette réforme », attaque-t-il. « Aujourd’hui, on forme déjà beaucoup trop d’hyperspécialistes. Ce dont la population a besoin, c’est de médecins capables d’une prise en charge globale ». Pour lui, il s’agit d’une « réforme de PU pour créer des postes de PU ». Voilà qui est dit.

Autre point de tension : avec le futur DES, un urgentiste sera presque condamné à faire de la médecine d’urgence toute sa vie. Avec l’actuel Desc, au contraire, il est facile de se réorienter vers sa spé d’origine. « C’est catastrophique », accuse Christophe Prudhomme. Pierre-Yves Gueugniaud promet de son côté que des passerelles seront construites.

Et les jeunes dans tout ça ? Ils sont étrangement silencieux. L’Association des jeunes médecins urgentistes (Ajmu) n’a pas souhaité répondre aux questions de What’s up Doc, prétextant que la réforme « est en cours ». Il faut dire que sa position est compliquée : en plus d’être confrontés aux positions divergentes de la SFMU et de l’Amuf, les jeunes doivent composer avec l’Isni, toujours en grève contre la réforme. Que des coups à prendre...   

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