Le système public de santé britannique au bord du gouffre pour ses 75 ans

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Très cher aux Britanniques mais plongé dans une grave crise, le système de santé public NHS, qui a été le premier universel et gratuit du monde occidental, fête mercredi ses 75 ans.

Le système public de santé britannique au bord du gouffre pour ses 75 ans

© IStock 

Le National Health Service (NHS) est un peu comme une religion nationale au Royaume-Uni : il est chéri avec dévotion et bénéficie d'un soutien public plus important que celui de la famille royale ou de toute autre institution britannique.

Il a été créé trois ans après la seconde guerre mondiale par un gouvernement travailliste, avec l'idée que tout le monde devrait pouvoir accéder à des soins médicaux de qualité, financés par l'impôt, gratuits.

Le Premier ministre conservateur Rishi Sunak, lui-même fils d'un médecin généraliste et d'une pharmacienne NHS, lui a rendu hommage fin juin, en annonçant un ambitieux plan de recrutement de soignants, alors que des milliers de postes sont actuellement vacants.

"Chaque minute de chaque jour de ces 75 années, le NHS a été en activité grâce aux millions de personnes qui ont travaillé pour lui. Au nom d'une nation reconnaissante, je tiens à leur dire : merci", a-t-il dit.

"J'éprouve un profond sentiment de responsabilité pour m'assurer que leur héritage perdure. Et veiller à ce que le NHS soit là pour nos enfants et nos petits-enfants, comme il l'a été pour nous".

Comme les parents du Premier ministre, le recrutement de professionnels étrangers a été crucial pour le NHS dans les décennies suivant sa création.

Mais ce plan souligne aussi la crise profonde dans laquelle est plongé le NHS, malgré un budget qui représente 12% des dépenses de l'Etat.

"Les médecins quittent le pays pour aller en Australie, en Nouvelle Zélande, au Canada et c'est le public qui y perd"

Affaibli par les politiques d'austérité menées par les conservateurs au pouvoir depuis 13 ans, confronté au vieillissement de la population, le NHS, est après la pandémie, dans un état de tension inédit.

Il déplore actuellement 112 000 postes vacants. Il a connu ces derniers mois des grèves inédites d'infirmières, médecins hospitaliers et ambulanciers, réclamant des augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail.

Selon l'OCDE, le Royaume-Uni se trouve en queue de classement parmi les pays de l'Europe de l'ouest, avec 3,2 médecins pour 1 000 habitants.

L'accès aux soins est de plus en plus compliqué. En avril, plus de 7,4 millions de personnes attendaient un traitement en Angleterre.

"Les médecins quittent le pays pour aller en Australie, en Nouvelle Zélande, au Canada et c'est le public qui y perd", a dit à l'AFP lors d'une manifestation Sumi Manirajan, une représentante des médecins hospitaliers au syndicat British Medical Association.

Les ministres "ont probablement des assurances privées, mais le citoyen ordinaire au Royaume-Uni utilise le NHS, a besoin du NHS".

"En tant que service public universel, le NHS est en train d'échouer"

Dans un rapport publié fin juin, le groupe de réflexion King's Fund a alerté sur l'état du NHS.

Le Royaume-Uni "est moins performant que beaucoup de ses pairs sur plusieurs mesures, y compris l'espérance de vie et les décès qui auraient pu être évités grâce à des soins de santé efficaces, en temps voulu (...) et des services de prévention", a-t-il écrit, en concluant : "Les dirigeants et les décideurs politiques devraient s'inquiéter sérieusement".

Mais selon les sondages, les Britanniques ne sont pas favorables à une réforme radicale du NHS, tel qu'un financement mixte où les patients paieraient avec une assurance certains traitements, comme c'est la norme dans certains pays.

Sur 3 000 personnes interrogées pour une enquête l'an dernier, 93% estimaient que le NHS devrait rester gratuit lors du soin. Mais 51% se disaient non satisfaites de la qualité des soins et déploraient en particulier les listes d'attente pour voir un médecin.

Rishi Sunak a refusé d'accorder aux soignants les augmentations qu'ils réclament, mais affirmé que son gouvernement investissait des "montants record" dans le système de santé.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/besoin-de-plus-dargent-de-plus-de-personnel-de-securite-pour-les-patients-les-infirmieres

Le Premier ministre assure que son plan de recrutement, lié à une meilleure utilisation de la technologie et de l'intelligence artificielle, permettra au NHS d'être prêt "pour les décennies à venir". Mais certains, en première ligne, sont pessimistes.

"En tant que service public universel, le NHS est en train d'échouer", a écrit David Oliver, un gériatre, dans le journal médical BMJ.

"Sans action immédiate et stratégie de long terme, il ne verra pas son 85ème anniversaire".

Avec AFP

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