© Midjourney X What's up Doc
Aujourd’hui, la téléconsultation représente une part significative de l’offre de soins dans plusieurs pays. En Estonie, plus d’une consultation médicale sur trois se fait désormais à distance. Le Portugal, la Suède et le Danemark affichent des niveaux proches, avec environ un quart des consultations réalisées par téléphone ou visioconférence. L’Espagne suit, avec un peu plus d’une consultation sur cinq.
Ces pays partagent des caractéristiques communes : infrastructures numériques solides, politiques de remboursement favorables et intégration de la téléconsultation dans l’organisation courante des soins. Pour David Novillo Ortiz, responsable des données et de la santé numérique au bureau Europe de l’OMS, « la téléconsultation est devenue, dans certains pays, une composante régulière des soins. »
Des niveaux inégaux
À l’inverse, le recours à la téléconsultation demeure très limité dans plusieurs grands pays européens. En France, seules 4 % des consultations médicales sont réalisées à distance. En Allemagne, cette part chute à 1 %, illustrant une réticence persistante à substituer les visites en présentiel par des consultations à distance.
Selon le Dr Wojciech Malchrzak, de l’Université médicale de Wrocław, ce faible recours en Allemagne s’explique notamment par « un attachement de longue date aux consultations en face à face, une approche réglementaire plus prudente et une confiance moindre dans les solutions numériques au sein d’une partie de la population. »
Les experts soulignent que la pandémie a joué un rôle d’accélérateur brutal, mais que la poursuite (ou non) de la téléconsultation dépend avant tout de choix structurels. « La croissance actuelle repose sur les décisions politiques, la capacité technologique et l’acceptation par les professionnels de santé », insiste David Novillo Ortiz. Les pays disposant de dossiers médicaux électroniques matures, de plateformes interopérables et d’un financement stable sont ceux où la téléconsultation s’est le plus durablement installée.
Enfin, Francesc Saigi, directeur du Centre collaborateur de l’OMS en santé numérique à l’Universitat Oberta de Catalunya, rappelle que la téléconsultation ne se substitue pas systématiquement au présentiel. Dans certains pays, l’examen physique reste la norme de référence, ce qui freine son adoption, même lorsque les outils techniques sont disponibles.
A voir aussi