"On a besoin de plus d'argent", de "plus de personnel", de "sécurité pour les patients", les infirmières britanniques à nouveau en grève

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Les infirmières britanniques mènent aujourd’hui une deuxième journée de grève nationale inédite, un mouvement qui menace de durer afin d'obtenir de meilleurs salaires face à un gouvernement inflexible.

"On a besoin de plus d'argent", de "plus de personnel", de "sécurité pour les patients", les infirmières britanniques à nouveau en grève

© IStock 

Après une première journée de grève jeudi 15 décembre, les infirmières poursuivent leur mouvement pour tenter d'obtenir une augmentation substantielle après des années à se serrer la ceinture dans un système public de santé (NHS) chroniquement sous-financé.

Et dans un Royaume-Uni qui ploie sous une inflation à plus de 10%, elles sont devenues le symbole d'une population qui souffre de la crise du coût de la vie et ne s'estime pas suffisamment soutenue par le gouvernement.

"On a besoin de plus d'argent", de "plus de personnel", de "sécurité pour les patients", a déclaré Lucy Savage, infirmière de 21 ans, à l'agence PA depuis un piquet de grève à Liverpool (Nord). "On est surchargées et sous-payées", a ajouté la jeune femme, qui envisage de quitter la profession si les choses se n'améliorent pas.

Suni George, cheffe d'équipe de 45 ans dont 17 dans la profession, souligne qu'en réalité, "le salaire qu'on a est le même". "On a beaucoup d'impôts, donc même quand le revenu annuel semble avoir augmenté, on n'a pas plus d'argent", a-t-alle ajouté.

Salariés des chemins de fer, de la logistique, ambulanciers, agents de la police aux frontières, des aéroports, etc., de nombreux secteurs ont décidé de débrayer en cette fin d'année, et pour beaucoup aussi début janvier.

Si des Britanniques critiquent certains de ces mouvements qui bousculent parfois leurs projets pour Noël, les infirmières jouissent elles d'un fort soutien dans la population. Car elles ont été en première ligne pendant la pandémie de Covid-19 et subissent une crise qui touche depuis des années le très respecté système public et gratuit de santé.

Selon un sondage YouGov publié avant-hier dans le Sunday Times, près de deux tiers des Britanniques soutiennent les infirmières et ils sont la moitié à défendre la grève des ambulanciers, contre 37% en faveur des débrayages des salariés du rail.

Certains députés du camp du Premier ministre ont enjoint le gouvernement à lâcher du lest ou en tout cas à ouvrir un dialogue plus constructif avec les infirmières

Cette popularité met la pression sur le gouvernement qui se montre jusqu'à présent inflexible, refusant de relever la hausse d'environ 4,75% en moyenne prévue cette année, qui correspond à la recommandation d'un organisme d'experts, et même de négocier directement.

En déplacement en Lettonie hier, le Premier ministre Rishi Sunak a encore défendu l'approche "responsable et juste" de son gouvernement. "En matière de salaire, c'est parce que ce sujet est difficile que nous avons un processus indépendant", a-t-il ajouté.

Accorder davantage serait insoutenable pour les finances publiques britanniques, martèle le gouvernement.

Depuis un piquet de grève à Newcastle (Nord) hier matin, la secrétaire générale du principal syndicat d'infirmières, le Royal College of Nursing (RCN), Pat Cullen, qui a 100 000 adhérents, a appelé le chef du gouvernement à négocier sur les salaires.

"Mettez-vous autour de la table et commencez à discuter avec moi" au nom du personnel infirmier, a déclaré Pat Cullen, dont le syndicat compte 100 000 membres. "C'est la seule chose respectable et convenable à faire" pour mettre un terme à ces grèves, a-t-elle lancé.

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Mais face au risque de voir encore la prise en charge des patients se dégrader, et devant la popularité du mouvement, l'unité au sein des conservateurs s'est lézardée ces derniers jours.

Certains députés du camp du Premier ministre ont enjoint le gouvernement à lâcher du lest ou en tout cas à ouvrir un dialogue plus constructif avec les infirmières. Plusieurs pistes ont été évoquées, comme de demander une nouvelle recommandation au groupe d'experts, sans que le gouvernement ne semble pour l'instant vouloir s'y résigner.

Le gouvernement tente lui de limiter la portée des grèves pour la population. Il prévoit de mobiliser 750 militaires pour remplacer des ambulanciers grévistes aujourd’hui, et 625 seront déployés pour remplacer les agents de la police aux frontières.

Avec AFP

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