Le coeur de la mère rouge

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Ciné week-end : Red Amnesia, de W. Xiaoshuai (sortie le 4 mai 2016)

Le coeur de la mère rouge

Retour du refoulé made in China : Deng entame le crépuscule de sa vie comme elle semble l'avoir toujours fait, avec une hyperactivité de chaque instant qui semble signifier qu'elle est en constante recherche d'échappatoire. De mystérieux appels anonymes la plongent dans une inquiétude inhabituelle...

Red Amnesia est un film qui ne se laisse pas facilement approcher. Au départ rétif, le spectateur est pourtant peu à peu fasciné, tant le personnage de Deng est riche et nous révèle de choses sur un aspect méconnu de l'histoire récente de la Chine et sa culture. On imagine à quel point le réalisateur a dû dompter la censure chinoise : le résultat final, d'une limpidité exemplaire, ajoute à son habileté.

Le film est le lointain cousin de Caché, qui évoquait les traumatismes de la guerre d'Algérie sur les secondes et troisièmes générations des deux côtés de la Méditerranée, mais suit le chemin inverse de ce dernier. Alors que le film de Haneke passait d'une apparente simplicité à une complexité vertigineuse, Xiaoshuai laisse longuement planer le doute - histoire de fantômes ? de folie ? - avant d'opter pour une explication quasi-pédagogique. Ce n'est donc pas tant le fait de "cacher" le secret de Deng qui importe, que de nous le "révéler". 

Il faut donc, malgré le côté un peu hésitant et répétitif de la première moitié, faire l'effort de découvrir ce merveilleux personnage, porté par une étonnante actrice, afin de ressentir les moments d'émotion déchirante qui envahissent peu à peu le film.

A découvrir !

Source:

Guillaume de la Chapelle

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