Si l’on en doutait encore, la pandémie a mis en lumière l’énorme potentiel que présentent les solutions numériques dans le monde de la santé. Mais comme à l’accoutumée, la demande booste l’offre et il n’est pas toujours évident de faire le tri.
Pour cela, la Haute Autorité de Santé a décidé de mettre en place une classification des solutions numériques.
La HAS a donc établi un classement en 4 catégories, contenant 11 types de solutions. Les 4 catégories sont distinguées comme suit dans le communiqué :
- « Niveau A : Services support aux patients, aux aidants ou aux professionnels dans le cadre de soins ou d’optimisation du parcours de soins ou de gestion médico/socio-administrative sans action directe sur la santé des patients
- Niveau B : Information générale de l’utilisateur non personnalisée sur les conditions de vie, les règles hygiéno-diététiques, les pathologies/handicaps ou tout état de santé (au sens large du terme), les parcours de santé, de soins ou de vie, etc. Fournit également des supports ou outils de formation aux professionnels de santé.
- Niveau C : Aide à la vie, à la prévention, au dépistage, au diagnostic, à l’observance, à la surveillance ou au traitement d’une pathologie, d’un état de santé ou dans le cadre d’une situation de handicap, sans autonomie de la solution numérique dans la gestion de la décision thérapeutique. Ce niveau comporte, à lui seul, 8 catégories selon les diverses fonctionnalités des solutions de ce niveau.
- Niveau D : Gestion autonome de la décision après analyse des données et diagnostic afin d’ajuster automatiquement, le traitement à administrer, sans intervention humaine »
Le besoin d’un tel outil s’est fait sentir dans la pratique. « Dans les réunions diverses on s’aperçoit que les acteurs de la santé numérique parlent de leur projet ou dispositif mais ils sont excessivement hétérogènes et les questions de régulation, de financement et d’évaluation sont différentes selon le dispositif. Donc à chaque fois c’est la cacophonie », explique Dr Isabelle Adenot, membre du collège de la HAS, interrogée par WUD.
Santé numérique et risques associés
Les risques associés au numérique dans la santé sont de plusieurs ordres. Il y a d’abord le gros volet de la protection des données. « L’Europe a créé des textes dont le RGPD. La France a développé une particularité, la question de l’hébergement des données de santé », rappelle Isabelle Adenot. Pour rappel, chaque site qui traite des données de santé doit avoir un hébergeur agréé.
D’autre part, il faut s’y retrouver dans cette vaste offre numérique. « Il y a des dispositifs numériques assurément remarquables et utiles. Et d’autres moins utiles. La question de l’évaluation va forcément se poser de manière accrue. Au milieu d’un tel foisonnement, les patients, les usagers, les professionnels de santé, et même l’État, à un moment donné, ont besoin de savoir si c’est utile ou pas », poursuit Isabelle Adenot.
Il faut également que ces outils soient accessibles et compréhensibles facilement par tous, d’où l’intérêt d’une formation, d’un accompagnement thérapeutique. « On s’aperçoit que les patients qui utilisent des outils numériques, quand on leur en explique bien le fonctionnement et qu’ils en perçoivent l’avantage, sont enclins à l’utiliser ».
A quoi sert cette grille ?
Cette classification sera en accès libre. « Pour nous ce sera un succès si on s’aperçoit que cette grille remplit son objectif c’est-à-dire qu’elle est utilisée, qu'elle aide à la décision de chaque acteur pour agir plus rapidement », détaille Isabelle Adenot.
Qui peut la consulter ? « Un industriel qui invente quelque chose sans être professionnel de santé. Il peut l’utiliser pour voir où se place sa solution numérique. Il peut la consulter à la fois en amont puis au cours de la mise en place », illustre Corinne Collignon , en charge de ces travaux numériques à la HAS, également interrogée par WUD. « Pour les patients, l’intérêt est seulement d’évaluer l’utilité d’une solution numérique. Mais cette grille demeure plus importante pour les administrations, les agences régionale de santé, les professionnels et industriels », ajoute-t-elle.
Et l’intelligence arificielle ? « L’IA n’est pas dans la grille stricto sensu comme porte d’entrée mais de plus en plus de dispositifs vont y faire appel. 3 textes absolument essentiels arrivent au niveau européen qui vont concerner des champs particuliers : la responsabilité, la propriété intellectuelle et l'éthique », explique Corinne Collignon. |