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L’affaire commence en 2022. Une patiente contacte le secrétariat d’un cabinet médical pour demander, sans rendez-vous, une ordonnance pour des compléments protéinés. La secrétaire passe l’appel au généraliste. « Elle me dit qu’elle ne peut plus manger et me réclame une ordonnance pour des compléments alimentaires à boire », raconte le médecin au journal L’Indépendant.
Il consulte le dossier médical : un IMC de 29, proche du seuil de l’obésité (fixé à 30). Il refuse. « Je lui ai expliqué que ces produits entraînent une prise de poids rapide. Elle n’en avait pas besoin et, de toute façon, je ne donne jamais rien sans examen. » L’échange est bref. Elle raccroche immédiatement.
Quelques heures plus tard, la sœur de la patiente se présente au cabinet. Le médecin propose un rendez-vous, que la patiente annulera dans la foulée. Nouvelle tentative la semaine suivante : même scénario. La patiente préfère finalement passer par une téléconsultation pour obtenir les fameux compléments, disponibles en pharmacie sans prescription mais non remboursés.
Le médecin ne sert pas qu'à se faire rembourser les médicaments !
Deux mois plus tard, le médecin reçoit un courrier recommandé : la patiente a déposé une plainte auprès du Conseil départemental de l’Ordre des médecins pour « non-prescription de médicaments ». « Elle m’accusait de ne pas m’être occupée d’elle. Elle prétendait que si elle était venue en consultation, je l’aurais examinée et traité. Mais il n’y avait aucune urgence à la faire grossir », se défend-il dans les colonnes de L’Indépendant.
S’ouvre alors un long tunnel judiciaire. « Je cherchais partout une éventuelle erreur de ma part, sans rien trouver », confie le généraliste, qui envisage alors d’abandonner la médecine après plusieurs décennies d’exercice.
Une première conciliation devant le Conseil départemental ne donne rien : la patiente maintient sa plainte. Le dossier est transmis au Conseil régional de l’Ordre des médecins à Montpellier. Là, le verdict est clair : « Aucune faute déontologique n’a été relevée. »
Le procès en appel se tient en mai dernier. La plaignante ne daigne pas se présenter. Le jugement, mis en délibéré, vient de tomber : plainte rejetée, la patiente est condamnée à 750 euros d’amende pour procédure abusive.
Si le soulagement est là, l’amertume persiste. Le médecin déplore les conséquences de cette affaire sur sa relation avec ses patients. « Cette femme a rompu la relation de confiance que je construis avec mes patients depuis vingt ans. C’est grave. Si ce lien disparaît, cela va tuer le médecin de famille. »
Il alerte sur les dérives d’une médecine de plus en plus dématérialisée, faite de téléconsultations et d’avis ponctuels délivrés à distance. « Pour cette femme, le médecin est un simple moyen de remboursement », conclut-il, amer.
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