Homéopathie : la crêpe au sucre de la HAS

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La Haute autorité de santé (HAS) a rendu son avis sur le déremboursement des spécialités homéopathiques. Comme attendu, elle y est favorable. La balle et les granules sont dans le camp du ministère de la Santé.

Homéopathie : la crêpe au sucre de la HAS

Après des dizaines d’années de débats stériles, près d’un an et demi de polémique #Fakemed sont venues à bout de l’homéopathie : la HAS, saisie par la ministre, a rendu ce vendredi son avis sur le remboursement des médicaments homéopathiques. Comme prévu, il est défavorable. Ils font preuve d’une « efficacité insuffisante pour être proposés au remboursement », a-t-elle expliqué dans un communiqué faisant suite à une grande conférence de presse très attendue de tous.

À partir du moment où la ministre de la Santé avait demandé à l’autorité sanitaire de produire un avis sur la question, les jeux semblaient déjà faits. La HAS appuyant son avis sur la littérature internationale pour une « première évaluation scientifique », ça sentait déjà mauvais pour les labos.

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La commission de la transparence de la HAS a donc évalué 1163 « souches » utilisées en dilution dans les spécialités homéopathiques, s’appuyant à la fois sur un millier de publications scientifiques et sur les contributions des labos (Boiron, Weleda et Rocal-Lehning). L’avis « a été adopté à la majorité lors de la séance plénière du 26 juin », précise-t-elle. D’après les informations de Libération, la majorité serait même écrasante (une seule voix contre le déremboursement).
 
La commission annonce avoir évalué 24 affections et symptômes associés à une indication homéopathique (troubles de l’anxiété, verrues plantaires, soins de support en onco, infections respiratoires aigües chez l’enfant…). Le verdict est sévère : « absence de preuve de l’efficacité », « pas de nécessité de recourir systématiquement à des médicaments (classiques ou homéopathiques) pour traiter des pathologies sans gravité ou qui guérissent spontanément », « absence d’étude robuste permettant d’évaluer l’impact des médicaments homéopathiques sur la qualité de vie des patients », « absence d’impact attribuable aux médicaments homéopathiques sur la consommation d’autres médicaments, la diminution du mésusage, le nombre d’hospitalisations, les retards à la prise en charge ou sur l’organisation des soins ».
 
En bref, la HAS vient de retourner l’homéopathie comme une crêpe et en a profité pour la saupoudrer de sucre. Elle ajoute, histoire de terminer le travail, que le recours à l’homéopathie (on ne parle plus de remboursement, apparemment), ne doit pas induire un retard de traitement. Et, sucre glace sur le gâteau, pour les adeptes du « au moins, ça évite de prescrire un vrai médicament inutile », la HAS invite à « sortir du « tout médicament » » au profit d’approches « préventives » ou « non médicamenteuses ».

Game over ?

La décision finale revient désormais à la ministre de la Santé, qui avait remis sa décision à l’avis de la HAS (sans trop d’illusions sur l’issue). Interrogée à ce sujet le 27 juin sur France 2 – donc avant la publication officielle de l’avis –, elle avait botté en touche, déclarant que sa décision pouvait attendre quelques jours et la fin de la gestion ministérielle de l’épisode caniculaire sur lequel elle est engagée.

« En même temps », Dominique Le Guludec, présidente de la HAS, arrondit les angles. Lors d’une conférence de presse accompagnant l’avis défavorable, elle a rappelé que la HAS dénonçait le remboursement de l’homéopathie sur des bases scientifiques, mais ne stigmatisait pas ses adeptes.
 
« C'est leur expérience et c'est respectable », a-t-elle notamment déclaré. « Notre mission est de dire si l'efficacité des médicaments homéopathiques est suffisante pour justifier le remboursement par la collectivité », rien de plus.
 
Reste une inquiétude de la part des No #Fakemed : le gouvernement aura-t-il le courage de prendre la décision finale, face aux arguments menaçants des laboratoires, qui agitent le spectre des emplois désormais menacés dans leurs entreprises ?
 
 

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En attendant, le collectif Fakemed ne s’y trompe pas et insiste pour convaincre Agnès Buzyn, Édouard Philippe et Emmanuel Macron, qui pourraient avoir quelques réticences.

Il va un peu plus loin, en demandant que les « produits homéopathiques, puisqu’ils ne sauraient être évalués comme des médicaments, ne soient plus considérés comme tels ». Ils appellent également de leurs vœux une loi pour que les décisions de santé publique « ne soient dictées que par le fait scientifique et non par des intérêts privés et des manœuvres de lobbying grossières ». Malgré cette victoire, le collectif n’est ni tout miel, ni tout sucre. Mais ses sympathisants, comme Qffwffq semblent plutôt satisfaits.

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