Handicap et Cancer : «Souvent les soignants ont des a priori sur ce type de patients, nous aidons à fluidifier le parcours de soin»

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Le projet Handicap & Cancer est un dispositif lancé en février 2021 afin d’améliorer le parcours de soin des personnes handicapées atteintes d’un cancer. Récompensé par un Trophée de l’Innovation décerné par la FEHAP, ce dispositif est le premier en France. Entretien avec le Dr Geneviève Salvignol, membre de l'équipe de Handicap et Cancer à L'IUCT- Oncopole.

Handicap et Cancer : «Souvent les soignants ont des a priori sur ce type de patients, nous aidons à fluidifier le parcours de soin»

What’s up doc : En quoi consiste la prise en charge Handicap et Cancer ?

Geneviève Salvignol : C’est une collaboration entre le secteur sanitaire et social pour favoriser la prise en charge du cancer des patients handicapés. Dans un premier temps, nous avons voulu favoriser l’inclusion de ces patients dans le parcours de soin. Mettre en place une prise en charge pour chacun d’entre eux qui soit adaptée à chaque handicap.  Nous sommes aussi en train de mettre en place une prise en charge préventive.

Comment cela fonctionne-t-il ?

GS : Les gens connus comme étant handicapé, sont identifiés avant d'être dans le parcours de soin. La personne qui les a en charge nous prévient et les contacte afin de déterminer la prise en charge la plus adaptée. Certains patients ont peur du monde, ils vont donc être dans une salle d’attente tout seul. Certains parce qu’ils sont stressés seront reçus en premier et n’auront pas d’attente. D’autres au contraire seront vus en fin d’après-midi. Nous adaptons aussi les moyens de communication. Cela nous permet de gagner du temps sur la prise en charge et d’être plus efficaces, que ce soit lors de la consultation, de la radiothérapie s’il y en a une, de l’IRM… C’est quelque chose que l’on réitère à chaque étape.

Cela concerne tous les handicaps ?

GS : Au départ cela avait été mis en place pour du handicap intellectuel lourd, les déficiences intellectuelles. Le handicap physique est visible. Notre établissement étant très récent la prise en charge pour les handicaps physiques est relativement facile.

Quels facteurs font que le handicap est un réel obstacle à la prise en charge d’un cancer ?

GS : Le handicap mental est très polymorphe. Les obstacles sont liés au niveau de l’a priori des soignants. Ils s’imaginent que les patients atteints d’un handicap mental ne vont pas être conciliants, qu’ils vont être difficiles à prendre en charge… Il y a aussi l’a priori des gens du secteur social qui s’imaginent que l’on ne va pas faire d’efforts pour ces patients. Sans parler du stress des patients. Souvent ils sont dans l’incompréhension, les moyens de communication ne sont pas adaptés et génère un niveau de stress important. C’est le cœur de notre projet, utiliser des moyens de communication adaptés pour gérer ce stress et lui permettre de passer toutes les étapes sans difficulté.

Êtes-vous les seuls en France ?

GS : Nous travaillons dans un centre de lutte contre le cancer (CLCC) en Occitanie. Nous avons mis en place cette structure à la demande des établissements sociaux d’Occitanie. C’est un projet retenu dans le cadre d’un appel d’offre de l’institut national du cancer. Je pense que ce type de dispositif est le seul en France oui.

Quels sont vos projets futurs ?

GS : Notre travail débouche sur une formation que nous avons mis en place en juin et que nous comptons pérenniser. Elle s’adresse aux soignants et aux gens du domaine social pour les sensibiliser et leur expliquer comment prendre en charge les personnes souffrant de handicap. Nous espérons qu’il y aura un rayonnement au niveau national. Un autre projet : la caisse primaire de l’assurance maladie nous a contactés pour nous demander si on pouvait mettre en place quelque chose pour le dépistage, étendre notre projet et les aiguiller vers le dépistage. Par exemple pour le cancer du sein, nous avons sensibilisé des cabinets de radiologie de Toulouse qui sont d’accord pour prendre des patients handicapés et mettre en place des parcours privilégiés : avec plus de temps, une communication adéquate...

 

 

 

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