Et si la crise du COVID marquait le début d’un nouveau modèle en pharmacie

Article Article

[La chronique du pharmacien] La crise économique liée à la pandémie touche de nombreux secteurs d’activité. La pharmacie de ville n’est pas épargnée par la situation actuelle même si les officines ont, et heureusement, toujours gardé le rideau ouvert depuis le début de l’épidémie. 

Et si la crise du COVID marquait le début d’un nouveau modèle en pharmacie

Alors bien sûr, parler des difficultés économiques de certaines pharmacies par rapport au véritable drame que subissent nombre d’artisans, de commerçants et autres indépendants pourrait être anecdotique. Les pharmaciens ont certes subi, comme d’autres professionnels de santé, des baisses d’activités en lien avec les différents confinements. Beaucoup ont eu des diminutions plus ou moins marquées de leur chiffre d’affaires. Mais au final le minimum d’activité constitué entre autres par les traitements chroniques a permis de passer ces périodes difficiles. 

Néanmoins, de nombreuses pharmacies ont subi plus durement la crise. Par exemple, celles implantées dans des zones commerciales, dans les aéroports ou encore dans les gares. La forte réduction d’activité voire la fermeture de certains de ces lieux a mis en difficulté aussi certaines officines. 

Cette crise a également fait apparaître un autre constat : les grosses (voir très grosses) pharmacies des centres-ville ou celles travaillant beaucoup la parapharmacie ont également vu leur chiffre d’affaires s’effondrer.

En revanche, les officines de taille plus modeste voir celles installées en zones moins denses ont eu un impact limité. Les patients devaient toujours venir chercher leur traitement habituel tous les mois. Cela permettait d’assurer des rentrées suffisantes pour maintenir l’activité.

Et c’est peut-être là un enseignement important pour le monde de la pharmacie. 

Les officines qui pratiquent une activité classique (c’est-à-dire la dispensation de médicaments et les conseils associés) résistent mieux en cas de crise. Et cela est au fond logique. Quelque soit les événements, il y a aura toujours des malades qui consulteront leur médecin pour aller ensuite chercher le traitement prescrit en pharmacie.

D’autre part, la crise sanitaire a obligé de nombreux pharmaciens à trouver de nouvelles solutions pour répondre aux besoins des patients. 

Les confinements ont contraint les Français à limiter leur déplacement. L’activité de livraison à domicile ou le “click and collect” sont alors apparus comme un service à développer de toute urgence. La digitalisation des officines et des services associés n’était jusqu’alors pas vraiment une priorité pour de nombreux titulaires. Le schéma traditionnel des patients venant chercher leurs médicaments restait l’activité de base d’une pharmacie. 

Certaines officines, un peu plus geek que les autres, se sont engagées dans le virage numérique et la vente en ligne des médicaments-conseils. Mais les chiffres le montrent chaque année : les Français n’adhèrent pas à ce nouveau mode de consommation et peut-être aussi que les pharmaciens n’utilisent pas les bonnes recettes pour les séduire.

En tout cas ce qui est sûr c’est que beaucoup de titulaires se sont mis au numérique en proposant de faciliter la livraison des traitements récemment.

Alors bien évidemment la crise sanitaire a fragilisé l’économie des pharmacies et même certaines ont été obligées de fermer boutique. Mais il faut que la profession tire les conclusions de cette période pour peut-être marquer une évolution majeure du métier en ville.

Pour moi, il faut retenir deux enseignements importants. 

Tout d’abord, les pharmacies, dont le chiffre d’affaires dépend majoritairement des ventes associées, montrent une certaine fragilité. L’activité d’une pharmacie doit rester centrée sur le médicament. La délivrance des traitements sur ordonnance devrait constituer une proportion majoritaire des revenus d’une pharmacie. Car l’activité de dispensation reste la base de notre métier et donc du fonctionnement d’une officine. Je vois trop souvent des guerres des prix, façon promotion de supermarché, fleurirent dans certaines vitrines. Laissons ces produits de parapharmacie et autres à des enseignes spécialisées pour se recentrer sur notre cœur de métier.

Enfin le deuxième enseignement important est la digitalisation de notre profession. Le numérique s’invite de plus en plus dans les pharmacies c’est une évidence. Mais, j’ai l’impression que le rythme de déploiement et d’adoption de ces nouvelles approches reste piano piano ! 

La vente en ligne de médicaments effective depuis plusieurs années est un semi-échec. Les Français n’ont pas franchi le pas, l’offre n’est peut-être pas adaptée. Dans une précédente chronique, j’alertais sur les envies d’Amazon dans le secteur de la pharmacie. 

Pharmaciens attention : à laisser le champ libre de la vente en ligne certains grands acteurs vont s’y engouffrer !

Les gros dossiers

+ De gros dossiers