En République dominicaine, on traque les mamans sans papiers et leurs nouveau-nés jusque dans les maternités

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Près de 90 femmes et 48 mineurs, migrants clandestins, ont été interpellés lundi dans des hôpitaux et maternités de la République dominicaine, selon un bilan officiel des autorités, qui ont commencé à exiger des documents aux étrangers s'y faisant soigner.

En République dominicaine, on traque les mamans sans papiers et leurs nouveau-nés jusque dans les maternités

© Midjourney X What's up Doc

Dans le cadre d'un plan visant à freiner la migration haïtienne, une nouvelle procédure appliquée depuis lundi prévoit que les personnes sans papiers peuvent recevoir des soins à l'hôpital mais seront ensuite expulsées du pays si elles ne peuvent pas présenter les documents demandés.

Lundi, « 48 femmes enceintes et 39 femmes venant d'accoucher, accompagnées de 48 enfants, ont été interpellées », ont annoncé mardi dans un communiqué les services d'immigration. « Elles ont été conduites au centre de Haina où leurs données biométriques et leurs empreintes digitales ont été prises, et un traitement digne leur a été offert, incluant la remise de produits alimentaires », selon les autorités.

Le président Luis Abinader a fait de la lutte contre l'immigration un de ses chevaux de bataille, durcissant les lois et faisant construire un mur à la frontière avec Haïti, pays miné par la pauvreté et la violence des gangs.

Au moins trois femmes, avec des bébés nouveau-nés dans les bras, ont été placées lundi dans un véhicule des services d'immigration après avoir été contrôlées sans papiers à l'hôpital Notre-Dame de la Altagracia à Saint-Domingue, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Ça ne se fait pas, c'est un abus parce que les enfants sont innocents. (...) On peut emmener la femme mais pas le bébé parce qu'il est très petit », a protesté auprès de l'AFP Dalina Pie, une Haïtienne de 26 ans qui se trouvait dans un établissement de santé à Saint-Domingue pour aider une amie enceinte.

Un protocole devenu systématique

« Si la femme accouche aujourd'hui, ils (services d'immigration) ne peuvent pas l'emmener aujourd'hui. Je ne sais pas ce qui va se passer », a-t-elle ajouté.

Le protocole oblige le personnel hospitalier à exiger une pièce d'identité, une lettre d'emploi, une preuve de domicile et un paiement pour les soins reçus à l'hôpital, comme l'avait expliqué Luis Abinader début d'avril.

« Nous allons accueillir (soigner) ces personnes et ceux qui ne sont pas en situation régulière, qui ne peuvent pas justifier leur séjour en République dominicaine seront (…) rapatriés dans leur pays d'origine », a déclaré lundi à la presse le directeur de la Migration, Luis Rafael Lee Ballester.

Les autorités ont également souligné qu'un agent des services d'immigration serait désormais présent dans chaque hôpital.

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Le gouvernement assure que les Dominicains se plaignent de ne pas être traités comme il se doit en raison d'une surcharge des hôpitaux due selon eux à la présence d'immigrés haïtiens.

Luis Abinader a été réélu l'année dernière pour un deuxième mandat sur la promesse de durcir encore davantage sa politique vis-à-vis de la migration haïtienne.

Il a notamment lancé un plan d'expulsions massives. Selon les chiffres officiels, environ 86 000 Haïtiens sans papiers ont été expulsés au premier trimestre de 2025 et plus de 276 000 en 2024.

« L'illégalité ne peut pas être due à un manque de contrôles », a lancé le président dominicain début avril.

Avec AFP

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