Déserts médicaux, que pensent les médecins du plan Bayrou ?

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« C'est très faible », « déshabiller Paul pour habiller Jacques », « problème de financement » : les médecins ont accueilli avec pas mal d'interrogations, voire fraîchement, le plan du Premier ministre François Bayrou dévoilé vendredi face aux déserts médicaux.

Déserts médicaux, que pensent les médecins du plan Bayrou ?

François Bayrou.

© DR.

La mesure phare (imposer jusqu'à deux jours par mois de temps de consultation aux médecins dans les zones prioritaires du territoire) ne convainc pas toujours. D'abord sur la forme. « Si c'est encore de la coercition, ça va mal se passer, on va aller au clash », prévient auprès Sophie Bauer, présidente du Syndicat des médecins libéraux (SML).

« Il ne faut pas que ce soit l'idée de contrainte, d'obligation », déplore aussi Agnès Giannotti, présidente de la Fédération française des médecins généralistes (MG France), majoritaire chez les libéraux.

Il est pourtant bien écrit « mission de solidarité obligatoire » dans les documents du gouvernement.

Le fond fait aussi tiquer. « On est un peu surpris parce que c'est toujours raisonner comme s'il y avait beaucoup de médecins et qu'ils n'étaient pas installés là où il faut. Mais, en fait, il n'y a pas assez de médecins », tance Patricia Lefébure, présidente de la Fédération des médecins de France (FMF).

Agnès Giannotti se fait cinglante : « Donc si vous déshabillez Paul pour habiller Jacques, on va jouer au jeu des chaises musicales mais tout le monde sera toujours tout nu au bout du compte ».

Et la présidente de MG France déroule : « Si je ne suis pas dans mon cabinet, ils ne voient pas leur médecin traitant non plus. Donc ça ne fait que déplacer le problème ».

Le plan Bayrou est « très faible », juge pour sa part Philippe Cuq, coprésident de l'Union Avenir Spé Le Bloc (syndicat des spécialités médicales et médico-chirurgicales). Pour lui, le spectre d'analyse doit être plus large : « En plein milieu de la Lozère, il y a 2 000 personnes. Certes, il faut un médecin, mais il n'y a pas de Poste, il n'y a pas de boulanger, il n'y a rien. Vous comprenez ce que je veux dire ? ».

L’aspect logistique aussi préoccupe les médecins

Patricia Lefébure pointe aussi le « fort coût » d'avoir ce qu'elle appelle un « cabinet secondaire ». « Un échographe, ça coûte 25 000 euros. Si je vais autre part, il faut que je sois équipée, comme dans mon cabinet, or je n'ai pas les moyens d'avoir deux cabinets différents ».

« On ne va pas installer un bloc autre part : donc le chirurgien doit être à côté de la clinique où il est, il ne peut pas aller consulter à 50 km, ça n'a pas de sens », souligne encore la présidente de la FMF.

Agnès Giannotti se montre aussi préoccupée par l'aspect logistique, « dans la réalisation des choses, parce qu'on ne va pas aller faire ça au bar PMU du coin ».« Donc il faut un lieu adapté et des conditions adaptées », insiste la présidente de MG France.

Il faut que les « collectivités territoriales, les communes, puissent mettre à disposition un local, où on puisse effectuer une consultation, un accueil, un secrétariat, et puis le minimum : une chaise, un bureau, un ordinateur, un accès Internet, une table d'examen médical, voilà, on ne demande pas la lune », précise aussi à l'AFP Franck Devulder, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF).

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Sans oublier le volet financier de l'affaire, comme le souligne Lucas Poittevin, pour d'autres points du plan Bayrou, comme le déploiement d'antennes universitaires : « On n'est absolument pas contre, il faudra juste veiller à ce qu'on puisse correctement financer les universités pour qu'elles puissent le faire, parce qu'aujourd'hui les universités ont déjà un gros problème de financement ».

Avec AFP

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