Deux jours par mois en zone rouge, plutôt que la fin de la liberté d'installation : « Ça a le mérite d'exister, mais c'est brouillon »

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Présentée ce matin comme une alternative à la proposition de loi transpartisane très décriée, la volonté du gouvernement d’imposer aux médecins deux jours de consultation en zone prioritaire suscite déjà la désapprobation des syndicats. On a recueilli les réactions à chaud. 

Deux jours par mois en zone rouge, plutôt que la fin de la liberté d'installation : « Ça a le mérite d'exister, mais c'est brouillon »

© Midjourney x What's up Doc

En déplacement dans le Cantal ce vendredi, le Premier ministre François Bayrou a présenté un « pacte de lutte contre les déserts médicaux », dont la mesure phare consiste à imposer aux médecins jusqu’à deux jours par mois de consultations dans les zones prioritaires du territoire. 

Une solution présentée comme une alternative à la régulation de l’installation des médecins, induite dans la proposition de loi transpartisane, votée partiellement par l’Assemblée nationale au début du mois.

Sans surprise, le caractère obligatoire de la mesure irrite les syndicats de médecins libéraux, à commencer par le SML lui-même, qui pointe toujours les conséquences sur l'attractivité la médecine libérale, et le risque de faire « déplaquer » les médecins retraités actifs. 

« Plein de choses peuvent fonctionner de façon intelligente sur la base du volontariat, à partir du moment où on laisse les professionnels de santé s’organiser », martèle la présidente du syndicat Sophie Bauer à What’s up Doc, évoquant les « cabinets éphémères » en région Franche-Comté. 

« Tout est à écrire »

« On n’impose pas aux médecins libéraux, nous ne sommes pas des fonctionnaires de l’État », renchérit Jérôme Marty, président de l’UFML, qui s’étonne d’un plan gouvernemental « qui n’est pas finalisé ». « Les zones rouges ne sont pas déterminées, les modalités de mise en œuvre ne sont pas déterminées, pas plus que le gain pour les médecins », déplore-t-il. « Ça a le mérite d'exister, mais c’est brouillon, tout est à écrire ». 

De plus, selon lui, la définition de la « zone rouge », perçue comme un territoire « rural hyper désertifié », ne règle pas le problème d’accès aux soins dans les grandes villes, où les médecins, pourtant nombreux, ne prennent plus de nouveaux patients. 

Killian L’helgouarc’h, représentant des internes, est plus nuancé. S’il se dit « satisfait » que le gouvernement ait « refusé » d’intégrer les mesures de coercition telles que débattues dans la proposition de loi Garot, il regrette également le caractère obligatoire de la mesure. 

« On le voit sur la permanence des soins, il n’y a pas de nécessité d’obliger systématiquement pour arriver à de bons résultats », avec 97% du territoire actuellement couvert, selon les derniers chiffres de l’Ordre, justifie-t-il auprès de What's up Doc

Booster la formation 

Côté formation, le gouvernement met le paquet, rappelant au passage que « 24 départements n’ont aujourd’hui pas accès aux études de santé, alors que 50% des médecins généralistes » exercent près de leur lieu de naissance. Chaque département - les trois quarts le sont aujourd'hui - devra être pourvu d'une première année aux études de santé.

De manière générale, il y a dans ce plan, « beaucoup de mesures qui ont été reprises » des propositions des internes, reprend Killian L’helgouarc’h. Parmi elles, la création d’une option santé dans les lycées, pour susciter l’intérêt des jeunes, ou encore l’obligation d'effectuer des stages d’internat en dehors des CHU et des grandes villes. « Je dirais même, obligation d’en faire en ambulatoire ! », complète le président de l’Isni. 

Quoi qu’il en soit, « rien ne change » concernant la mobilisation intersyndicale prévue, dès lundi, contre la proposition de loi Garot. D'ailleurs, « le mouvement s’intensifie », assure Killian L’Helgouarc’h, évoquant la grève et les manifestations prévues dans toute la France. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/mobilisation-contre-la-ppl-garot-voici-les-villes-ou-lon-manifeste

Le SML, qui en sera, n’a en revanche pas appelé explicitement à la fermeture des cabinets, pointant la difficulté de certains praticiens à fermer leur cabinet en zone rurale. 

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