« On partage le constat, pas la solution » : Agnès Giannotti vs Guillaume Garot à la radio

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À moins d’une semaine de la mobilisation contre la régulation de l’installation des médecins, le rapporteur de la proposition de loi Guillaume Garot a débattu ce matin avec Dr Agnès Giannotti, représentante des médecins généralistes au micro de France Inter. 

 

« On partage le constat, pas la solution » : Agnès Giannotti vs Guillaume Garot à la radio

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Dans Le débat du 7/10 de France Inter, le rapporteur de la proposition de loi transpartisane a maintenu un dispositif « de bons sens » pour répondre à « cette grande détresse de millions de français qui n’ont pas de médecins près de chez eux ». 

Toutes les politiques d’incitation mises en œuvre « depuis plus de vingt ans » n’ont « pas produits les résultats attendus », alors qu’« elles ont coûté des dizaines de millions d’euros », a-t-il continué. 

Pour le député socialiste, il ne faut « s’interdire aucune solution » contre les déserts médicaux. La régulation n’est « pas la solution miracle, on est bien d’accord », mais c’est « un levier à activer avec d’autres »

La régulation peut se discuter « quand on est en pléthore »

« Les idées reçues et toutes faites donnent souvent de mauvais diagnostics », a répondu Agnès Giannotti, présidence du syndicat MG France.

« On a une double crise », a-t-elle poursuivi. D’un côté, la pénurie de médecins, « encore pour cinq années difficile », et de l’autre, la crise de l’installation. 

Car, selon Agnès Giannotti, « 6 généralistes sur 10 ne sont pas installés comme médecin traitant », mais exercent en centres de soins où à l’hôpital. 

« On vient s’installer quand les conditions de travail sont correctes, et c’est là-dessus qu’il faut travailler », sans quoi les jeunes médecins iront faire de la « médecine de niche » (médecine esthétique, médecine du sport…)

Sur l’accès aux soins, « nous partageons le constat, c’est la solution que nous ne partageons pas », a résumé Agnès Giannotti. La régulation peut, dans l’idée, se discuter « quand on est en pléthore, or nous sommes en pénurie »

De plus, les autres professions de santé qui ont accepté d'être régulées sont « moins bien réparties » que les généralistes, a continué la présidente. 

« C’est pas vrai », a coupé net Guillaume Garot. « Aujourd’hui, une grande majorité des autres professions de santé sont soumises à des règles pour l’installation »

Fiabilité du zonage

Et cette régulation, a « produit des résultats », a minima « stoppé » l’aggravation des inégalités d’accès aux soins, qui se sont creusées en dix ans. 

« Si on ne fait rien (…) on se retrouvera avec des territoires sans aucun médecin », a alerté Guillaume Garot, ajoutant qu’il partage toutefois les autres solutions (augmentation du nombre de médecins formés, accompagnement des nouvelles pratiques…)

Mais les déserts médicaux concernent « tous » les généralistes, a rétorqué Agnès Giannotti.  « On est tous en difficulté sur la France entière », a rétorqué la généraliste, qui pointe des zonages « faux ».

« Moi je suis censée être dans une zone qui est dans les 11% les mieux dotés, c’est de la rigolade. Si on empêche les installations sur mon territoire, ça va se casser la figure », a-t-elle développée, mettant en garde contre une mesure qui serait « pire que le mal ».

Une remarque partagée par Guillaume Garot. « Le zonage n’est pas fiable », et c’est la raison pour laquelle « nous avons proposé la création d’un indicateur territorial de l’offre de soins » dans le texte, afin de décrire avec précision « la réalité ».

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/la-france-forme-t-elle-trop-de-medecins-apres-lacademie-de-medecine-cest-au-tour-de-lordre

Pour protester contre la proposition de loi Garot, les syndicats d’étudiants, internes et jeunes médecins, soutenus par leurs aînés, ont annoncé une grève dès le 28 avril. Des manifestations sont également prévues dans toute la France le lendemain. 

En amont de cette mobilisation, François Bayrou devrait faire plusieurs propositions pour lutter contre les déserts médicaux cette semaine. Si Guillaume Garot espère que le Premier ministre s’appuiera sur un texte voté à la « grande majorité », Agnès Giannotti préfère des mesures concrètes pour « colmater les brèches » en attendant la fin de la pénurie, plutôt qu’une grande loi. 

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