
© Midjourney x What's up Doc
C’est une question à première vue « contre-intuitive », admet l’Ordre des médecins, en préambule de son Atlas 2025 de la démographie médicale, publié fin mars, à l’heure des grands débats sur la pénurie médicale et la régulation de l’installation des médecins.
Et ce, d’autant plus que le gouvernement insiste pour former plus de soignants. 16 000 étudiants en deuxième année en 2027, ambitionnait déjà l'ex-Premier ministre Gabriel Attal l'année dernière.
Pourtant, l’Ordre est clair dans son dernier rapport : la question se pose de savoir si l’on ne forme pas actuellement trop de praticiens.
« On a fait une estimation, une projection à l’horizon 2040, et on peut dire qu’on aura à peu près 30% de médecins de plus dans quinze ans », a expliqué hier le vice-président de l’Ordre des Médecins Jean-Marcel Mourgues au micro de franceinfo. « C’est considérable pour une population qui n’augmentera plus, mais qui vieillira, en revanche ».
Les jeunes médecins travaillent moins que leurs aînés, selon Yannick Neuder
L’institution ordinale demande au gouvernement de rediscuter ce nombre de médecins à former, alors que celui-ci a toujours estimé que la pénurie médicale devrait durer jusqu’en 2050.
« On forme actuellement le même nombre de médecin qu'en 1970 », a justifié le ministre de la Santé Yannick Neuder sur franceinfo. « Nous étions 15 millions d'habitants en moins et la population a vieilli ».
Mais surtout, « le rapport au travail » a « frappé » le milieu de la santé, comme « tous les milieux professionnels », poursuit-il, avançant que les jeunes médecins, qui choisissent pour beaucoup le salariat, travaillent 2,3 fois moins en nombre d'heures que leurs aînés. Une estimation que conteste l'Ordre des médecins.
Quoi qu’il en soit, selon les estimations de l’institution, « la population médicale devrait croître de 2% de médecins supplémentaires par an », même si actuellement, et « pour quelques années encore », cette remontée n’est pas « encore perceptible ».
Fin février, un rapport de l’Académie de médecine mettait déjà en garde contre le risque d’avoir trop de médecins à l’horizon 2035. « On aura des médecins dont on ne saura pas que faire » et « les responsables politiques devront alors rétablir le numérus clausus », avait commenté le Pr Guy Vallancien, rapporteur de cette étude.