Moins de grossesses à risque dues aux antiépileptique, sauf chez les femmes précaires

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En France le nombre de grossesses à risque liées à la prise d'un antiépileptique par les femmes enceintes a fortement diminué entre 2013 et 2021, excepté au sein des catégories socialement défavorisées, selon une étude publiée jeudi.

Moins de grossesses à risque dues aux antiépileptique, sauf chez les femmes précaires

© Midjourney X What's up Doc

Parus dans la revue Neurology de l'Académie américaine de neurologie, ces travaux du groupement d'intérêt scientifique Epi-Phare – qui réunit l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé et la Cnam –, exploitent les données du Système national des données de santé (SNDS).

Ils montrent que sur 55 801 grossesses exposées à au moins un antiépileptique sur la période 2013-2021, l'exposition prénatale au valproate et ses dérivés (Depakine et ses génériques), le produit le plus à risque, a chuté de 84 % à 89 %, selon les produits.

Cette diminution résulte de plusieurs facteurs : un recul supérieur à 80 % du nombre de grossesses exposées, un recours accru à l'interruption de grossesse en cas d’exposition, et une réduction du nombre de femmes dont l'exposition pendant la grossesse a dépassé 30 jours.

La prise de valproate par la femme enceinte fait courir à l'enfant à naître un risque élevé de malformations congénitales et de troubles neurodéveloppementaux.

Peu d'amélioration pour d'autres traitements

En revanche, la baisse a été moindre pour le topiramate, vendu sous la marque Epitomax (Janssen) et la carbamazépine (Tegretol) et leurs génériques, qui présentent « un risque de malformations congénitales avéré et un risque de troubles neurodéveloppementaux avéré » pour le premier et « potentiel » pour le second.

Les grossesses exposées à chacun de ces médicaments ont diminué respectivement de 34 % et 40 %, toujours sur la période 2013-2021.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/faut-il-eviter-de-prescrire-de-la-depakine-aux-futurs-peres-les-medecins-et-la-communaute

Pour la prégabaline, alors qu'elle présente des risques de malformation, et la gabapentine, l'exposition in utero a augmenté de 28 %, « avec une tendance à des prescriptions multiples ».

Dans le même temps, l'utilisation d'antiépileptiques ne présentant pas de risque identifié pendant la grossesse, la lamotrigine (Lamictal et génériques) et le lévétiracétam, a augmenté de 30 % entre 2013 et 2021.

Les femmes précaires toujours plus exposées

Source d'inquiétude : l'étude montre que « l’exposition aux antiépileptiques à risque avéré ou incertain » s'est maintenue, voire a augmenté, parmi les femmes socialement défavorisées.

Ces inégalités, aussi observées dans les pays nordiques et au Royaume-Uni, dit l'étude, pourraient être dues à divers facteurs, tels que des grossesses non planifiées plus fréquentes et un déficit de soins prénataux.

En conséquence, les autorités sanitaires françaises doivent encore renforcer l'information des femmes défavorisées socialement, souligne l'étude.

Ces dernières années, l'ANSM a durci sa politique envers des antiépileptiques jugés à risque pendant la grossesse, car l'implication de plusieurs de ces médicaments dans des troubles du fœtus a été avérée.

Avec AFP

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