"Nous allons mettre à jour la loi pour l'adapter à notre époque et garantir que les soins soient appropriés, proportionnés et bienveillants, tout en assurant la sécurité du public", a affirmé mardi le ministre de la Santé britannique Wes Streeting, dans le quotidien The Sun.
Face aux inquiétudes grandissantes concernant les délais de traitements et la qualité de la prise en charge, il a ainsi assuré "faire de la santé mentale une priorité".
Mardi, la commission britannique chargée d'évaluer la qualité des soins (CQC) a pointé une "série d'erreurs et mauvais jugements" dans le suivi psychiatrique de l'auteur d'une attaque au couteau qui a fait trois morts en juin 2023 à Nottingham, en Angleterre.
Selon elle, le risque posé par Valdo Calocane, un homme de 32 ans atteint de schizophrénie paranoïde, n'avait "pas été bien géré" malgré de nombreux signaux d'alerte et un comportement agressif.
Son suivi dans un établissement public spécialisé dédié aux cas les plus graves a pris fin en septembre 2022. Quelques mois plus tard, le 13 juin 2023, cet homme a poignardé à mort Barnaby Webber et Grace O'Malley-Kumar, deux étudiants de 19 ans qui rentraient à pied après une soirée puis l'employé d'une école, Ian Coates, 65 ans, qui allait au travail vers 04h00 du matin.
Pendant ses deux ans de suivi, Valdo Calocane avait été hospitalisé à quatre reprises pour des "comportements menaçants et agressifs résultant d'une psychose".
Sujet à des hallucinations paranoïaques, il ne prenait pas ses médicaments régulièrement, et avait été arrêté à plusieurs reprises pour des agressions ou des intrusions.
"De mauvaises prises de décision, des omissions et des erreurs de jugement ont conduit à ce que ce patient souffrant de problèmes de santé mentale très graves n'ait pas reçu le soutien et le suivi dont il avait besoin", a déclaré l'auteur du rapport, Chris Dzikiti.
« Le système de santé est brisé »
La commission pointe des "problèmes systémiques dans la prise en charge des problèmes de santé mentale à l'échelle locale qui, sans action immédiate, continueront de présenter des risques pour la sécurité des patients et du public".
Plusieurs attaques au couteau ont eu lieu au Royaume-Uni ces dernières semaines, sans que la police ne fasse état de motifs terroristes. La dernière en date est le meurtre de trois fillettes au couteau à Southport, il y a deux semaines, qui a provoqué des émeutes anti-migrants et islamophobes.
Selon Emma Webber, la mère du jeune Barnaby Webber tué lors de l'attaque de Nottingham, il ne s'agit "pas d'une tragédie isolée" et "il y a bien d'autres Valdo Calocane" en liberté dont la prise en charge défaillante menace les Britanniques.
Le système public de santé britannique traverse une grave crise sous l'effet d'années de sous-financement et de la pandémie, avec des délais parfois dramatiques pour certains traitements et une hémorragie du personnel.
Dans ce contexte déjà très noir, les soins psychologiques sont considérés comme un parent pauvre, malgré des besoins qui augmentent fortement ces dernières années sur fond de prise de conscience de l'importance de ce domaine.
Le ministre de la Santé Wes Streeting, membre du gouvernement travailliste élu début juillet, a répété mardi que le système de santé était "brisé", ce qui a permis à Valdo Calocane de rester en liberté, et que des investigations indépendantes auraient lieu.
"Les médecins impliqués dans le suivi de Calocane portent une lourde responsabilité pour leurs échecs et leurs mauvaises prises de décision", ont dénoncé les familles des victimes dans une déclaration commune, les accusant d'avoir "du sang sur les mains".
Le rapport a relancé leur colère concernant le placement du meurtrier en hôpital psychiatrique de haute sécurité en janvier à l'issue de son procès. Selon elles, il remet en cause "l'exactitude des preuves fournies au tribunal sur l'état et le traitement de Calocane", qui avait plaidé l'atténuation de responsabilité.
Avec AFP