85% des femmes médecins disent avoir été victimes de discrimination, selon le baromètre Donner des Elles à la Santé

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L’association Donner des ELLES à la Santé a publié en partenariat avec Ipsos/Janssen son 3e baromètre sur les difficultés rencontrées par les femmes médecins au cours de leur carrière. Et autant le dire, les résultats ne sont pas bons.  

 

85% des femmes médecins disent avoir été victimes de discrimination, selon le baromètre Donner des Elles à la Santé

Les femmes médecins se déclarent encore moins satisfaites que les hommes sur la totalité des indicateurs concernant leur vie professionnelle et plus spécifiquement au niveau de leur avancement, le niveau de parité, l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée et leur rémunération.

Voici, globalement ce qu'on peut retenir du résultat de cette étude réalisée sur un échantillonnage de 512 médecins du 2 février au 2 mars. Ce baromètre, publié depuis trois ans, a pour but de « voir dans la continuité les discriminations hommes/femmes au sein des hôpitaux » relate Etienne Mercier, directeur du pôle opinion et pôle santé. 

Pour lui, le plus « préoccupant est que la situation ne s’améliore pas. On a même certains indicateurs qui se détériorent ". Les femmes sont globalement moins satisfaites que les hommes de leur situation professionnelle. Seulement 74% des femmes se disent satisfaites contre 80 % des hommes.

Certains sujets montrent une vraie distorsion. « Concernant la question sur l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée on a un delta de 14 points entre les hommes et les femmes. 51% chez les femmes sont satisfaite contre 66% chez les hommes. De la même manière concernant l’adéquation entre la rémunération et le travail fourni il y a un delta de 12 points. » Relate Etienne Mercier.

Pour 68% des femmes, les hommes sont plus valorisés à travail égal

De plus on observe un gros décrochage, avec une crise des vocations après 55 ans pour les femmes : 41% ont envisagé de se mettre en libéral, et 27% veulent quitter l’univers de la santé. « C'est une vraie crise de vocation. Les femmes envisagent carrément de quitter la santé, un chiffre de 10% supérieur à celui des hommes (17%). »

85 % des femmes interrogées à l’hôpital révèlent avoir été ou être victimes de discriminations, surtout lors de leurs études. « C’est essentiellement lors de leur internat et de leur externat qu’elles connaissent ces discriminations ». 55% des femmes le subissent lors de leur externat et 59% lors de l’internat. Cela diminue au fur et à mesure que leur carrière avance. 

Les autre chiffres ne sont pas plus réjouissant :

- Pour 72 % des femmes, les hommes sont d'avantages sollicités dans les activités de représentation.

- Pour 68% :  les hommes sont plus valorisé que les femmes à travail égal.

- 53 % des femmes se sont déjà entendues dire qu’en raison de la maternité et de la vie de famille, elles ne pourront pas postuler pour certains postes à responsabilité.

- Pour 42% des femmes le poste qui leur est attribué est en dessous de leurs capacités.

53 % sont victime de questions intrusives

Autre fait préoccupant, les propos sexistes qui s’intensifient : 80% des femmes médecins qui exercent aujourd’hui à l’hôpital ont déjà été victimes de comportement sexiste (propos choquants, gestes inappropriés). Une médecin hospitalière sur trois a été victime de gestes inappropriés ou d’attouchements. « La encore, le niveau n’évolue pas, voir même retrouve son niveau de 2020. Alors qu’une légère amélioration avait été notée en 2021». 67 % ont fait face à des paroles, des attitudes, et des blagues qui mettent à mal ou remettent en cause leurs comportements professionnels ou ont reçu des commentaires sur leurs physique ou leur tenue vestimentaire. 53 % sont victimes de question intrusive. Une femme sur cinq est victime d’agression sexuelle.

« Les hommes ont une prise de conscience beaucoup moins forte des réalités des comportements discriminatoires. Ce qui est alarmant, c’est qu’il n’y a pas de comportement qui est perçu comme discriminant par une majorité d’hommes. » rapporte Etienne Mercier. 47 % reconnaissent qu’ils sont davantage sollicités dans les activité de représentation. « Pour le reste, il y a une forme de déni sur ces comportements discriminatoire. »

 

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