Y a-t-il un médecin dans l’avion ? Si oui, son prochain vol est gratuit

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Le groupe de compagnies aériennes Air-France-KLM a lancé en 2022 la « communauté des médecins à bord » pour assister l’équipage en cas de problèmes médicaux en vol, moyennant des points de fidélité utilisables sur des prochains voyages. Conditions, avantages, responsabilité... On vous explique tout. 

Y a-t-il un médecin dans l’avion ? Si oui, son prochain vol est gratuit

© Midjourney x What's up Doc

Que ce soit pour des raisons personnelles ou professionnelles, les médecins prennent beaucoup l’avion. Pourtant, par crainte liée au matériel ou à la responsabilité civile, tous ne sont pas forcément enthousiastes à l’idée de se signaler auprès du personnel navigant, en cas d’urgence. 

« On s’est rendu compte que plus de 80% des vols long-courriers (plus de 6 heures de vol, ndlr) comptaient au moins un médecin à bord », explique à What's up Doc le Dr Vincent Feuillie, médecin-conseil chez Air France

Pour éviter de répéter la célèbre phrase en cabine, la holding a créé le programme « Community of Doctors on Board », permettant aux médecins voyageurs de se signaler directement auprès du personnel navigant pour faciliter les interventions, moyennant dédommagement. 

« Cela permet de savoir que le Dr X est assis au rang 16A, qu’il a une formation en médecine générale, qu’il parle français et anglais et qu’il est prêt à aider l’équipage en cas de besoin », détaille Vincent Feuillie.

L’inscription à la communauté des médecins à bord est ouverte à tout praticien, français ou étranger. Seule condition : ils doivent au préalable disposer d’un compte Flying Blue, le programme de fidélité de la compagnie. 

6 000 crédits en cadeau et pas de responsabilité civile

Et en cas de problème médical en vol, « toutefois peu fréquent », l’intervention du médecin partenaire reste basée sur le volontariat. « S’il ne se sent pas en état, notamment par fatigue ou parce qu’il a consommé de l’alcool, on ne va pas l’obliger à intervenir », poursuit Vincent Feuillie, qui rappelle que tous les personnels navigants commerciaux (PNC) bénéficient d’une formation en secourisme, renouvelée tous les ans. 

Si les malaises vagaux constituent la majorité des incidents en vol, parfois des événements plus lourds peuvent survenir. Dans ces cas-là, le Samu de Paris régule tous les vols d’Air France, comme toutes les compagnies aériennes françaises. 

Fin février, un avion de la compagnie reliant Dakar à Paris avait été le théâtre d’un accouchement en plein vol. Grâce à l’équipage, aidé par un médecin passager, tout s’était bien déroulé, et l’avion avait pu être dérouté à l’aéroport de Toulouse-Blagnac. 

Côté avantages, Air France-KLM offre à tout médecin qui s’inscrit au programme 6 000 Miles (crédits Flying Blue) de bienvenue, crédités sur son compte.

À ce cadeau s’ajoutent des Miles supplémentaires si le médecin est sollicité au cours d’un vol assuré par l’une des deux compagnies, selon une grille de dédommagement proportionnelle à l’importance de l’intervention. 

« Un médecin qui intervient en pleine nuit pendant deux ou trois heures aura un dédommagement plus important qu’un médecin sollicité pour un avis rapide », explicite Vincent Feuillie. 

Les miles ainsi cumulés sont « valables à vie, mais il faut effectuer un vol éligible au moins une fois tous les deux ans », ajoute un responsable de la compagnie. 

Et la responsabilité du médecin est couverte par une assurance souscrite par Air France, « en complément » de son assurance professionnelle personnelle. Ainsi, en cas d’événement inattendu, « les poursuites éventuelles s’orientent vers la compagnie et non vers le médecin », précise le médecin-conseil. 

Une fois qu’il a rejoint le programme, le praticien reçoit « un petit tutoriel » qui répertorie les conditions de pression en vol, les problèmes médicaux fréquemment rencontrés, ainsi que le matériel médical à disposition (tensiomètre, glucomètre, trousse de secours etc…). 

De plus, depuis 2015, la réglementation européenne impose aux compagnies aériennes de disposer d’un défibrillateur par appareil, chose qu’Air France a été l’une des premières à faire, « bien avant » cette obligation, se félicite son médecin-conseil. 

Preuve en est, le taux de survie après un arrêt cardio-respiratoire à bord d’un avion de la compagnie est nettement supérieur à celui observé au sol, selon des données présentées par Air France il y a quelques années. 

Toutes les spécialités bienvenues à bord

Si l’expertise en médecine d’urgence ou en médecine générale constitue un « atout supplémentaire », toutes les spécialités peuvent être utiles, rappelle Air France sur son site internet. 

Et si un vol comporte plusieurs médecins, « on va privilégier la spécialité qui correspond le mieux à l’urgence constatée », continue Vincent Feuillie.  

La communauté compte aujourd’hui plus de 5 000 membres, issus de 90 nationalités, dont une « majorité » d’urgentistes, généralistes et anesthésistes-réanimateurs, continue ce médecin chargé d’assurer les visites médicales d’aptitude des pilotes et des PNC. 

Également titulaire d’une capacité en aéronautique, ce spécialiste des maladies infectieuses et tropicales a lui-même dû intervenir il y a quelques années en plein vol, après une mission en Afrique de l’Ouest pour évaluer les risques de l’épidémie d’Ebola pour les salariés d’Air France en transit. 

« Lors du vol retour, j’ai été réveillé au milieu de la nuit pour une suspicion d’Ebola chez un jeune passager ». Après discussion avec le Samu de Paris, « nous avons conclu que c’était très loin d’Ebola et on en est resté là », raconte-t-il. 

En 2023, le Dr Vincent Liu-Bousquel, anesthésiste-réanimateur niçois, avait été sollicité pour des urgences vitales dans deux vols distincts, à moins de six mois d’intervalle. Ses interventions avaient permis de sauver les deux passagers, victimes respectivement d’un AVC et d’une crise cardiaque. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/pour-pallier-le-manque-de-medecin-dans-la-nievre-des-soignants-viendront-pour-la-journee-en

Le témoignage du médecin avait révélé certaines faiblesses dans l’organisation des secours à bord des avions d’Air France (manque de matériel, méconnaissance du jargon médical par le personnel navigant…).

Sur ce point, la compagnie, qui affirme s’être entretenue avec l’intéressé, rappelle que les PNC « ne sont pas soignants mais sont formés en secourisme ». De plus, « certains gestes, ou l’administration de certains traitements, ne peuvent être réalisés que par un médecin »

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