Dr Claude Fuilla : « C’est moi qui suis intervenu sur l’accident mortel de Lady Di »

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Il a passé plus de vingt ans à intervenir sur les pires drames : la guerre du Golfe, la prise d’otage de la maternelle de Neuilly, les incendies meurtriers de Paris ou encore le séisme d’Haïti. Anesthésiste-réanimateur, médecin-chef des pompiers de Paris, le Dr Claude Fuilla raconte ses souvenirs d’intervention dans ses mémoires De sang et d’or – Quand l’urgence est une vie. Notamment une nuit particulière du 31 août 1997, dans le tunnel du pont de l’Alma, lorsque la Mercedes de Lady Diana a heurté un pilonne. 

Dr Claude Fuilla : « C’est moi qui suis intervenu sur l’accident mortel de Lady Di »

Dr Claude Fuilla.

© DR.

« On m’appelle vers 0 h 30 : il y a un accident grave au pont de l’Alma, et il y aurait un VIP », raconte-t-il dans Bonjour & vous sur TF1. À l’époque, Dr Claude Fuilla est directeur des secours médicaux des sapeurs-pompiers de Paris, responsable de tout le territoire, « de Roissy à Orly ». 
Arrivé très vite sur les lieux, il trouve « trois blessés graves » et un conducteur déjà décédé, « complètement coincé dans la voiture ». Sans savoir encore qui il soigne, il se concentre sur les blessés : « Je confie la jeune femme au médecin du Samu de Paris, le garde du corps à l’équipe de réanimation des pompiers, et je prends en charge le troisième blessé, arrêté cardiaque, allongé au sol. »

« Lady Di était confuse, mais elle me parlait »

C’est alors qu’il apprend, par un commissaire de police, l’identité de la passagère : « Il me dit d’une phrase rapide : “C’est Lady Di.” Je ne comprends pas tout de suite. Il répète : “C’est la princesse de Galles.” » Claude Fuilla se rend aussitôt auprès d’elle : « Elle était confuse, mais elle me parlait. Je lui prends le pouls, je regarde ses conjonctives. Mon examen dure quinze secondes. Je la confie ensuite au médecin qui la prend en charge. »
L’image restera gravée dans sa mémoire. « Ce n’est qu’après coup que j’ai réalisé l’ampleur de ce drame mondial. Sur le moment, j’étais simplement médecin, en action. »

« Les médecins de l'urgence sont les témoins du pire »

Ce rapport à l’urgence, Claude Fuilla l’a forgé au fil d’une carrière d’intervention. « L’action inhibe l’émotion », confie-t-il. « Les structures du cerveau qui gèrent la survie prennent le dessus sur celles de l’émotion. C’est seulement après, quand l’action s’arrête, que tout revient. » C’est aussi cette mécanique qu’il explore dans son livre, entre mémoire professionnelle et catharsis personnelle. « J’ai découvert une vertu de ce livre secondairement. Il a permis à d’anciens collègues de reparler de choses enfouies, de blessures invisibles. »

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/le-medecin-qui-secouru-gaspard-ulliel-jai-ete-depose-en-motoneige-jai-essaye-de-faire-le

Pour le Dr Fuilla, ce souvenir dit tout du métier : « Nous sommes des médecins de l’urgence, mais aussi des témoins du pire. On agit sans émotion sur le moment, mais on la porte longtemps après. »

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