Le plan rouge alpha : une préparation minutieuse

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Soir d’attentats, côté pompiers

Le plan rouge alpha : une préparation minutieuse

Vendredi 13 novembre, les unités du service médical d’urgence de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris se sont presque immédiatement trouvées sur les lieux des attentats. Une rapidité due à une planification méticuleuse, et à un entraînement rigoureux.

 

Vendredi dernier, le médecin-chef Michel Bignand, responsable du service médical d’urgence de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), n’était pas de permanence. Mais comme beaucoup de pompiers, il habite sur son lieu de travail. Quand arrive la nouvelle de la première explosion, au Stade de France, il est donc rapidement opérationnel.

« Le matin même, on avait fait un exercice avec le SAMU Ile-de-France sur un scénario identique : une fusillade multi-site », explique-t-il. « On a donc rapidement repris nos reflexes ». Le premier d’entre eux consiste à activer le plan de rappel.

« Chacun sait ce qu’il doit faire »

« Chez nous, le plan de rappel, c’est un système de SMS », précise le médecin-chef Stéphane Travers, qui travaille lui aussi au service médical d’urgence de la BSPP. « Chacun sait ce qu’il doit faire, où il doit aller et/ou qui il doit appeler ».

Certains pompiers se dirigent donc vers le centre de coordination, tandis que d’autres gagnent les points de ralliement. « Ce système nous a permis de passer rapidement de 7 à 21 équipes de terrain opérationnelles vendredi », affirme Stéphane Travers, une équipe se composant d’un médecin, d’un infirmier et d’un conducteur.

En quelques minutes, c’est donc presque tout le service qui est mobilisé. Car en plus de la gestion de la crise, il fallait assurer le travail courant : « les gens continuent à faire des infarctus », sourit Michel Bignand.

« Un scénario auquel nous nous attendions »

Les plans préétablis ont l’avantage « d’organiser les secours de façon réflexe », comme l’explique Stéphane Travers, mais ils doivent être rapidement ajustés en fonction du bilan établi par les premières équipes arrivées sur les lieux.

En l’occurrence, le plan qui avait été déclenché correspondait bien à la réalité sur le terrain : il s’agit du plan rouge alpha, adapté pour des fusillades multi-sites. « Ce qui s’est passé correspondait malheureusement à un scénario auquel nous nous attendions », explique Stéphane Travers. « Nous le travaillions depuis plus d’un an de manière précise ».

Ensuite, c’est un travail de tri, et de prise en charge des urgences absolues qui s’opère en collaboration avec les équipes du SAMU, de la Croix-Rouge, de la protection civile… « Ce sont des gestes simples, des garrots, des points de compression », explique Mignel Bignand.

Les blessés sont évacués vers les hôpitaux, « notamment Bégin et Percy », précise le médecin-chef : « les hôpitaux militaires ayant l’habitude de prendre en charge les blessés de guerre, il paraissait évident de leur adresser les victimes ».

Pour Michel Bignand, la soirée se termine très tard, bien après l’assaut lancé contre les preneurs d’otage du Bataclan, bien après l’évacuation de la dernière victime. Et à l’heure du bilan, un constat : « Les événements de vendredi soir avaient une ampleur que je n’ai jamais connue ». Des mots qui, dans la bouche de ce médecin militaire rompu aux opérations extérieures, prennent un sens tout particulier.

Source:

Adrien Renaud

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