Week-end à Romy

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Ciné week-end : 3 jours à Quiberon, de E. Atef (sortie le 13 juin 2018)

Week-end à Romy

Peu de temps avant sa mort, et dans une phase de sa vie particulièrement sombre, l’actrice Romy Schneider accorde une interview à deux journalistes allemands. Un choix visiblement périlleux, d’autant que la rencontre a lieu dans un centre de désintox grimé en thalasso pour gens fortunés. Un hommage à une belle actrice, juste mais trop anecdotique

L’histoire est connue : Romy Schneider, l’une des actrices les plus complexes et les plus fascinantes du 20e siècle, a fondé sa carrière sur un immense malentendu, fruit de la manipulation de sa mère : le rôle de Sissi, offrande à la fierté déchue d’un peuple sortant lui-même à peine de l’emprise, tout comme elle avait été « offerte » au regard du Führer par cette même mère, actrice de seconde zone ambitieuse et aux sympathies nazies notoires. Sa seconde carrière en France peut d’ailleurs être vue comme une tentative de fuite face à un destin qui la rattrapera toujours, et qu’elle provoquera peut-être, aussi : celui d’une femme à fleur de peau, dépassée par ses émotions mais décidant de s’y soumettre, dès lors éternelle victime de surprotection étouffante ou d’abus de faiblesse de la part des personnes qu’elle rencontre.

Ce film élégant, à la sobriété bienvenue, montre bien tout cela, scrutant les relations compliquées de la star pendant ces quelques jours hors du temps, tels un pas de côté sur sa ligne de fuite. Romy est tour à tour aux prises avec le désir de protection de sa meilleure amie, l’amour débordant et platonique d’un photographe sous son charme ainsi que les manipulations – trop grossières pour n’être que cela – d’un journaliste calculateur.

Le problème est que, pour ceux qui connaissent déjà la destinée tragique de l’actrice, le film paraîtra bien trop anecdotique pour susciter l’adhésion ; alors que pour les autres, il risque simplement d’être bien obscur et bien ennuyeux. La faute à un scénario étiré à l’extrême, mettant l’accent de façon trop appuyée sur le caractère anodin des événements – pour vouloir nous dire évidemment qu’en fait tout y est crucial… sauf que non, il n’y arrive pas.

Pourtant, le choix de montrer l’actrice lors de son dernier moment d’espoir, de son ultime tentative de remonter une pente par déjà trop descendue, constitue le plus bel hommage qui pouvait lui être rendu. La tentative est belle, mais le résultat mitigé.

Source:

Guillaume de la Chapelle

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