Voyage en terrain connu

Article Article

L’hôpital comme lieu de cinéma, voire comme personnage de cinéma… Une histoire qui dure, et ce depuis bien avant Hippocrate !

Voyage en terrain connu

Le plus légendaire : Vol au dessus d'un nid de coucou de M. Forman (1976)

Pour échapper à la prison, un homme se fait passer pour fou et interner… au risque de perdre définitivement sa liberté. Historique à plus d’un titre, ce film est de ceux qui vous marquent durablement, et ne cessent d’alimenter les interrogations légitimes quant à votre exercice (évidemment surtout si vous êtes psy…). On pourra bien sûr dire qu’il continue de faire une sacrée mauvaise pub à l’institution psychiatrique, même si elle a considérablement évolué depuis. Il reste important de le revoir à l’aune des dérapages relevés par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté.

Le plus fonction publique : Très bien, merci de E. Cuau (2007)

Pour avoir refusé de se soumettre à l’injonction agressive d’un policier lui demandant d’arrêter de « regarder » une arrestation, un homme se retrouve placé en HO. Comédie grinçante et coup de gueule contre la déshumanisation qu’entraîne le zèle administratif, cette fable moderne – que n’aurait pas reniée Kafka, mais qui lorgne plus du côté de Woody Allen – nous montre à quel point vouloir gérer un système plus que soigner un patient est un non-sens dangereux. Non pas que l’ordre soit inutile… mais il ne peut être un but ultime. À bon entendeur, messieurs (et mesdames !) les politicien(ne)s…

Le plus pédagogique : Le dernier pour la route de P. Godeau (2009)

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la post-cure sans jamais oser le demander… Trop grande est la césure entre l’aspect pédagogique (qui décrit de façon presque trop scolaire le parcours d’un alcoolodépendant traité selon les principes de la méthode Minnesota) et le côté romancé du film, comme si instiller du mélo avait été une condition sine qua non du cahier des charges. Il faut tout de même attribuer au film sa volonté de « montrer » l’addiction comme une maladie, ainsi que son message positif. Prise de conscience et prise de confiance, deux éléments essentiels…

Le plus fantasmatique : Shutter Island de M. Scorsese (2010)

Encyclopédie vivante du cinéma, Martin Scorsese s’est fait plaisir avec la reconstitution ultra référencée d’un asile des années 50 version « haute sécurité ». Peu importe l’invraisemblance du scénario et de l’idée de base, il faut rendre à Scorsese ce qui est à Scorsese : une mise en scène et une narration à couper le souffle, ainsi que sa capacité à faire de l’île-hôpital un authentique personnage (version monstre) de cinéma.

Le plus académique : Bon rétablissement ! de J. Becker (2014)

Sorti en même temps qu’Hippocrate, ce film sans prétention (et hélas sans ambition…) a le mérite de se placer du côté du patient. Ici, Gérard Lanvin se retrouve dans son éternel rôle de ronchon. Et où vont les ronchons quand ils prennent un coup de vieux ? À l’hosto, bien sûr… Le film vous rappellera probablement quelques situations « déjà vues déjà vécues ». Peut-être même qu’il vous décrochera un sourire… mais, hélas, pas beaucoup plus.

____________________________________________________________________


BONUS : 

Si vous voulez vraiment vous immerger dans un univers hospitalier qui vous marquera durablement, aussi peu vraisemblable ou décalé soit-il, lorgnez plutôt du côté des séries ! Parmi les Urgences, Grey’s Anatomy, bientôt Code Black et autres Scrubs, on vous a déniché deux pépites, avec deux génies aux commandes : Le Royaume, de Lars von Trier (L’Hôpital et Ses Fantômes en VF) et surtout The Knick, de Steven Soderbergh, concernant la révolution de la chirurgie américaine à l’aube du XXe siècle.

____________________________________________________________________

Les gros dossiers

+ De gros dossiers