Vent debout

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Ciné week-end: Et les mistrals gagnants (de A.-D. Julliand, sortie le 1er février 2017)

Vent debout

Ils s'appellent Charles, Ambre, Imad...Ils sont atteints d'HTAP, de neuroblastome ou d'épidermolyse bulleuse, mais ce n'est pas important. L'important, c'est leur vie qui défile sous nos yeux, malgré la mort en embuscade. Ils pourraient presque nous faire croire qu'elle n'est pas importante, elle non plus. Ils nous réapprennent que l'important c'est eux, c'est nous.

En nous invitant à nous asseoir sur un banc quelques minutes avec eux et à regarder la vie tant qu'y en a, Anne-Dauphine Julliand pose un regard extrêmement juste, parce que sobre et direct, à hauteur de ces enfants qu'elle filme et qu'elle écoute. Cinq portraits, sous la forme de l'esquisse tout d'abord. Puis, peu à peu, certains détails sur lesquels s'attarde, sans voyeurisme, une caméra toujours aussi délicate: les corps, que l'on soigne; la douleur, que l'on combat, que l'on apprivoise, qui épuise, parfois...Les mots, essentiels, babil qui fait lien ou diamants bruts ("moi je crois que rien n'empêche d'être heureux!"), lancés tels des pavés dans la mare de la vie, des grenades dégoupillées à la face de la mort. 

Au-delà de l'émotion, ce documentaire montre à quel point le vécu et la gestion de la maladie, dans ce territoire si particulier qu'est l'enfance, sont affaire de synergie entre le jeune patient, ses parents et son équipe soignante, de leur capacité à accueillir ses souffrances autant que le moindre moment de bonheur. Il ne s'agit pas du tout de gérer le répit, mais bien de saisir l'essentiel. Ce qui est formidable, c'est combien ces familles le font intuitivement. Parce que, justement, ça ne peut pas s'apprendre, mais simplement se vivre.

La réalisatrice a su capter ce mystère. Une collègue nous apprend qu'elle est passée par une épreuve similaire. Bien que cela explique la justesse qui émane de cette oeuvre, nous ne l'aurions pas pour autant deviné. Car elle a le talent de rendre cette justesse aux enfants qu'elle filme et de laisser son expérience s'effacer pour laisser l'entière place à la leur. Ce n'est pas la moindre des qualités de ce beau documentaire...

Source:

Guillaume de la Chapelle

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