Dans un pays qui sombre politiquement et économiquement, le système de santé s’effondre aussi. L’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS) a annoncé le premier cas de polio depuis 1989.
Les information en provenance du Venezuela sont peu relayées en France. Pourtant, le pays d’Amérique du Sud, autrefois relativement prospère, est au bord du gouffre. Une situation qui se traduit de manière très concrète sur le plan sanitaire.
L’organisation panaméricaine de la Santé (OPS) a rapporté début juin un cas de poliomyélite chez un enfant de l’État de Delta Amacuro, au nord-est du pays. C’est le premier cas de polio aiguë depuis 1989, a souligné l’ancien ministre de la Santé, Felix Oletta.
Retour des maladies du 20e siècle
La nouvelle montre deux choses. La première est un rappel pour les vaccinosceptiques : quand on arrête de vacciner, et tant que la maladie (même sans réservoir animal) n’est pas éradiquée au niveau mondial… le risque persiste. L’enfant touché n’avait pas été vacciné, et souffrait de malnutrition.
Le seconde est une nouvelle preuve de l’état de précarisation du Venezuela. Le retour de la polio après près de 30 ans d’absence est un indicateur fort d’un retour en arrière, alors que le continent américain fait office de modèle de vaccination. En 2015 et 2016, l’OPS avait officialisé l’élimination de la rubéole et de la rougeole. La diphtérie – elle aussi éradiquée en Amérique du Sud depuis les années 1990 – a touché plus de 300 personnes en 2016
Pénurie de médicaments
La crise économico-politico-sociale se ressent sur la santé de la population. Très marquée depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolas Maduro, elle est aussi le résultat des politiques menées sous l’ère Hugo Chavez, estime Alejandra, étudiante vénézuélienne de 30 ans à Paris, dont les parents vivent encore sur place.
« La situation se dégrade depuis plus de quinze ans. Aujourd’hui, il est difficile de se faire soigner ou de trouver des médicaments de première nécessité », déplore-t-elle, avant d’expliquer que ses amis ou sa famille chargent leurs valises d'anti-hypertenseurs ou d'insuline quand ils rentrent de l'étranger.
La mortalité infantile explose
En tout, 85 % des produits seraient difficiles ou impossibles à trouver sur place. La désorganisation et le manque de financements du système de santé, qui permettait pourtant autrefois à l’ensemble de la population de se soigner, se ressent.
Les conséquences de l’effondrement du système de santé se font ressentir lors d’évènements comme ce cas de polio, mais aussi sur les données de santé publique. Ainsi, en 2017, le gouvernement annonçait un bond de 30 % de la mortalité infantile entre 2015 et 2016, et de 65 % de la mortalité maternelle (grossesse et 42 jours après l’accouchement).
Crédit photo : Rodrigo Suarez/Flickr
Source:
Jonathan Herchkovitch