"Une soixantaine d'internes devront modifier leur choix, sur 490"

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Aurélien Rousseau, directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France, reconnait sa part de responsablité dans l'annulation de la procédure de choix des internes franciliens pour le semestre de novembre 2019 à avril 2020. Il tient cependant à rassurer les internes qui auront à changer de terrain de stage, en leur accordant un suivi individualisé. Entretien exclusif. 

"Une soixantaine d'internes devront modifier leur choix, sur 490"

What's up Doc. Allez-vous profiter de cette nouvelle procédure de choix pour régler ce problème de carence d’internes en pédiatrie dans 10 hôpitaux d’Ile-de-France ? 

 

Aurélien Rousseau. Ce sont deux sujets qui sont liés, personne ne peut le nier, mais qui restent différents sur le fond. D’une part, je suis comptable de la procédure de choix des internes. La vérification du contrôle qualité de cette procédure est un travail long, vous le savez comme moi. Nous avons identifié hier matin le fait qu’une interne avait été appelée alors qu’elle avait déjà validé ses 6 semestres. Elle a donc été amenée à prendre un poste dans un établissement où il n’y avait qu’un seul poste d’ouvert, privant à d’autres la possibilité d’y accéder. Dès lors que j’étais informé de ce dysfonctionnement, je ne pouvais, en connaissance de cause, faire d’autre choix que d’annuler la procédure. D’autre part, je présiderai tout à l’heure, à 18 heures, la commission de répartition et les propositions qui seront faites visent à corriger le niveau de l’inadéquation qui résulte lui d’une erreur collective, grave, que j’assume. Certes, lors de la réunion de répartition, les représentants des hôpitaux généraux, le coordonateur de l’AP-HP, les représentants des spécialités, les syndicats d’internes, l’ont validée, mais c’est nous qui aurions dû être la corde d’appel, donc je reconnais notre responsabilité de premier plan dans ce dossier.
Mais je mesure pour les internes ce que cela signifie, de voir que le choix qu’ils avaient fait, est modifié. Je ne banalise absolument pas cela. Le but, dans la commission de répartition qui va se réunir dans trois heures, n’est pas de renverser la table. On va essayer de s’adapter, de coller au besoin, mais vous savez tout comme moi que le nombre d’internes en médecine générale cette année est inférieur à l’an dernier. Si on maintient le niveau de pédiatrie, ce qui est l’objectif, on va mécaniquement le baisser dans d’autres spécialités, en médecine adulte polyvalente ou en gynécologie. Nous faisons tout cela avec beaucoup de prudence car c’est bien sûr tout le parcours des internes qui est en jeu.
Au final nous pensons que sur les 490 internes de médecine générale qui vont faire un nouveau choix, il y en a une soixantaine dont les choix vont être modifiés. Ce n’est pas rien, mais c’est un nombre accessible pour un suivi individualisé.  

C’est hier matin que nous avons identifié le fait qu’une interne avait déjà validé ces 6 semestres

WUD. Des rumeurs circulent parmi les internes, disant que l’interne qui aurait fauté avait choisi un sixième semestre en surnombre, donc un semestre non validé…

A. R. Ce n’est pas vrai. Ce point a été vu et revu, nous sommes sûrs et certains que cette personne n’aurait pas dû être appelée au choix. Elle avait validé six semestres, le logiciel imhotep n’a pas repéré cela. Vous avez l’amabilité de ne pas pointer la deuxième rumeur qui veut que cette personne n’existe pas. Cette personne existe, nous l’avons contactée.

Il y a des endroits où ce n’est pas un hasard si les internes ne vont pas

WUD Certains internes et syndicats d’internes appellent à la grève, et à la manifestation devant l’ARS Ile-de-France. Qu’en est-il actuellement ? 

A. R. Nous avons des discussions avec les différents syndicats. J’ai eu Hélène Souchu (président du SPR-IMG, NDLR) au téléphone. Le sujet aujourd’hui est de voir avec les syndicats comment on peut accompagner individuellement les étudiants qui vont changer de stage. Je dois m’assurer de la qualité de l’accueil pour ces internes. Mais les hôpitaux qui n’ont pas d’internes depuis des années pour des raisons variées ne vont pas avoir beaucoup d’internes ! Vous savez, la semaine dernière, les chefs de service de pédiatrie m’ont demandé de relancer la procédure de choix. J’avais indiqué très clairement que le choix ne serait annulé que s’il y avait inégalité entre les candidats. Ce n’est pas sur les internes que doit reposer le fonctionnement du service. Je ne souhaite pas déroger à ce principe. 

Nous sommes sûrs et certains que cette personne n’aurait pas dû être appelée au choix

WUD. De nombreux directeurs d’établissements de santé se sont plaints des effets collatéraux de la R3C : le nombre de terrains de stages en ambulatoire s’est accru si bien que le nombre d’internes en MG a diminué dans les établissements de santé. Est-ce que vous subissez également cette situation ? 

A. R. Il y a plusieurs sujets dont celui que vous évoquez. Premier point au cours des dix dernières années, le nombre d’internes était monté extrêmement fortement. Les établissements s’étaient habitués à fonctionner avec un nombre très important d’internes. Par ailleurs, il est vrai que le développement des stages ambulatoires et en cabinet a joué sur le nombre d’internes dans les établissements. Mais nous savons qu’il est indispensable d’ouvrir ces stages. Du fait de la réforme, les choix de stage sont aussi orientés vers les CHU. Enfin d’une certaine manière, on doit mieux convaincre les internes de la qualité de la médecine faite dans les centres hospitaliers généraux, et de l’accueil. Il y a des endroits où ce n’est pas un hasard si les internes ne vont pas. Il faut que nous regardions ce sujet-là avec les directeurs d’établissement et les présidents de CME.

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