Un parcours pas comme les autres

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Fils de gastro-entérologue parisien réputé, élève À la scolarité brillante dans l’un des plus grands lycées parisiens, étudiant À la faculté de médecine de Paris, puis radiologue libéral installé À Neuilly-sur-Seine, rien ne semblait distinguer le Dr?Michel Legmann de ses condisciples issus d’une lignée médicale familiale et prestigieuse.

Comme tous les autres… non?pas tout à fait. Homme d’engagement, Michel Legmann fait partie de ces nombreux médecins qui mènent de front plusieurs activités en parallèle de leur exercice médical?: Michel Legmann est radiologue, oui, mais il est aussi le président de l’Ordre national des médecins depuis 2007. Suite logique d’un parcours débuté vingt-cinq ans plus tôt au conseil départemental des Hauts-de-Seine, sixième département français en nombre de médecins.

Dans?le cas du Dr Legmann, les?raisons sont tout aussi nombreuses qu’hétéroclites. Les?prémices de sa vie professionnelle médicale sont d’abord marquées par une forte implication dans une vie associative carabine au service des autres, puis par son investissement dans le développement de l’enseignement de sémioradiologie dans les toutes nouvelles facultés parisiennes de 1968.

Ses multiples activités témoignent d’intérêts divers et?variés, mais toujours avec un?réel désir de construction, empreinte d’une forte volonté de?servir. Peut-être trouve-t-il l’origine de ce dévouement aux?sources de sa formation humaniste, marquée par un bac de philosophie et une mère issue des lettres qui l’auraient sensibilisé à la complexité
et la richesse des relations humaines ? Peut-être aussi, trouve-t-il la soif de son engagement dans l’indignation qu’il a vécue, enfant, devant l’interdiction d’exercice qui frappe son père, comme tant d’autres médecins juifs alors, aux heures les plus sombres de la France occupée ?

Ce souvenir amer anime l’esprit du jeune Michel d’alors, se demandant, désarmé, qui donc, de l’être ou du néant, était-il assez puissant pour réduire ainsi l’autorité de son père ? Et voici donc sa première rencontre avec l’Ordre. Dans ce choc, Michel découvre ainsi le Conseil supérieur de la médecine. Marqué au fer par cette injustice, il se jure de siéger un jour dans ses rangs pour comprendre et?redresser ce qui l’avait, lui comme beaucoup d’autres, tant?blessé.

En 1945, par l’ordonnance Billoud, le Conseil supérieur de?la médecine disparaît pour laisser place au?Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom). Parti à sa?conquête,
le Dr Legmann s’affirme dans les rangs en remportant sa première élection directe
au poste de titulaire départemental. Puis, s’en suit une longue route, fruit de sa pugnacité, qui, étape après étape, l’amène à la présidence en 2007.

Une vie ou presque pour l’Ordre, fait de cette enseigne sa deuxième maison. Et si au hasard d’un propos, une critique vient à effleurer l’image de cette famille, la réponse ne se fait guère attendre. Qu’il s’agisse de la sempiternelle raillerie sur l’âge moyen des membres, il répond que 75?% d’entre eux sont encore actifs, en médecine générale pour la plupart, entre 50 et 60 ans. Que l’on doute du prestige du Cnom et il rappelle encore que l’Ordre est la seule institution qui représente toutes les zones d’activités médicales, et que l’État en fait son partenaire institutionnel de référence.

Seul aveu, témoin de sa lucidité et de sa façon de mener sa mission, il concède, peut-être, un certain manque d’écoute, de lisibilité, voire d’ouverture vers le grand public, conséquence du devoir de retenue, de réserve et de réflexion de l’Ordre.

C’est vrai que l’Ordre constitue souvent un point d’ancrage plus solide et plus réfléchi que ne les laissent à penser les multiples déclarations syndicales plus politiciennes. Et Michel Legmann de rappeler les apports discrets mais déterminants de ses troupes pour l’abrogation du contrat santé solidarité et de la déclaration obligatoire des congés ou pour la création du DES de médecine générale en 2004.

Finalement, la raréfaction de?l’engagement des jeunes médecins aux postes des instances locales (moins de 20?% de moins de 50 ans) ne semble pas avoir de sens quand on considère la satisfaction de Michel Legmann à s’être engagé au service de l’Ordre. La charge de travail et les responsabilités sont souvent invoquées comme principales raisons de fuite des potentiels candidats. Mais, pour le Dr Legmann, l’implication à l’Ordre au niveau départemental ne devrait pas être vécue comme une source chronophage, car toutes les décisions sont collégiales et ne demandent pas de surinvestissement personnel.

Comment ne pas être sensible à?un tel discours devant un tel parcours ? Sans doute sa réalisation sera-t-elle pleine et accomplie quand il saura pleinement nous transmettre ce goût du service qui l’a lui même nourri pour l’amener jusqu’ici…

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