Michel Drucker ? Un vrai fils de...

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A 79 ans, Michel Drucker, le présentateur insubmersible du service publique, trimballe toujours les mêmes angoisses, la même hypocondrie, et le même complexe de l'imposteur qui lui vient de son père : un rude médecin de campagne Abraham Drucker, qui a survécu à la deuxième guerre mondiale, sans une certaine dureté...

Michel Drucker ? Un vrai fils de...

«Mais qu’est-ce qu’on va faire de toi ? » Il en a même fait le titre de sa biographie, best-seller, adaptée en film. Tant, toutes les premières années de son existence, Michel Drucker, les a vécues en asphyxie sous le joug d’un père médecin de campagne : « J’ai eu une enfance jalonnée de stress, dans une atmosphère anxiogène, avec un père très exigeant. Il voulait que ses trois garçons, car nous étions trois frères, soient tous des ‘numéro 1’. Il a donc placé la barre très haute quand j’étais déjà très jeune. » Et pourtant, Michel Drucker aimerait plaire à se père, adorerait se conformer à ses désirs : « Je voulais être médecin comme mon père. J’avais le goût des autres, je voulais voir les gens, parler aux gens. Je n’étais pas un solitaire. »

 

Malheureusement, Michel Drucker est un cancre : "Ma première fêlure, c'est à l'école primaire quand je sens que ça ne m'intéresse pas. Je suis le roi de la cour de récré mais pas de la salle de classe." Même si son terrible paternel le tient sous surveillance serrée, les résultats ne sont pas là. "Mon père qui était un caractériel qui n’avait aucune patience et qui me réveillait la nuit en rentrant de la maternité où il avait accouché une dame à trois heures du matin… Il me réveillait pour me faire réciter mes leçons…"
 

L'obsession de mon père, son angoisse, le retour de la période sombre

Et pourquoi le docteur Abraham Drucker, était si dur, pourquoi en demandait-il tant ? Le présentateur de télévision a bien une idée, en lien avec l’exil déjà, mais aussi avec «l’obsession, l’angoisse, la peur du retour de la période sombre».

Alors souvent en interview il évoque ce père né en 1903, et se met à sa place. « Naturalisé en 1937, je suis roumain d’origine, j’ai quitté l’empire ostro -hongrois, je deviens petit médecin généraliste. » Oui mais avec de grandes ambitions pour ses fils : « j’aurais un grand médecin, un professeur agrégé de santé publique, un professeur de médecine, un Louis Pasteur, un inventeur. Il a réussi avec Jacques. (son frère née en 1946, ndlr) Il a inventé le vaccin contre l’hépatite B, il a créé l’institut de veille sanitaire, c’est un épidémiologiste, professeur de santé publique, et Jean énarque ! J’ai choisi d’être saltimbanque j’aurais dû être un grand musicien ou un grand écrivain. »

 

Car si Abraham Drucker est dur, sa vie l’a été encore plus. C’est à Bucarest qu’il étudie la médecine, mais lors de son arrivée en France, à 23 ans, son diplôme n’est pas reconnu. Alors il recommence des études de médecine à Grenoble, Paris, Tours et Nantes. Puis enfin il soutient sa thèse en 1936, et peut prendre un poste en 1937 comme médecin-interne au sanatorium de Saint-Sever dans le Calvados, avec pour spécialité la tuberculose osseuse.
 

Le répit est de courte durée, la guerre éclate, le médecin trentenaire est mobilisé en 1939. Après la démobilisation Abraham retourne au sanatorium, mais très vite recensé comme « israélite », il doit pointer chaque matin à la mairie. Et en 1942, un employé de l’établissement le dénonce à la Gestapo. Il est arrêté et se retrouve, après plusieurs étapes, emprisonné au camp de Drancy, où il exerce la médecine auprès de ses codétenus.
 

J'ai été témoin et victime d'une terreur et d'atrocités effroyables

Ce camp est sous la responsabilité du SS Alois Brunner, qui fin 1943, rejoint Nice pour poursuivre les Juifs réfugiés sur la Côte-d’Azur. Les SS emmènent avec eux une partie du personnel, dont Abraham, qui se retrouve témoin des pires atrocités, comme il le racontera lui-même. Il exerce alors de force au sein de l’hôtel Excelsior qui est la base d’envoi des juifs raflés dans la région vers les camps : « Pendant les trois mois que j’ai été détenu à l’Excelsior, j’ai été témoin et victime d’une terreur et d’atrocités effroyables. Cette équipe comprenait douze à quatorze tortionnaires sous le commandement de Brunner, et procédait à des arrestations d’hommes, de femmes et d’enfants juifs, pour la plupart du temps effectuées la nuit, subissant tous des interrogatoires interminables sous la menace du revolver et souvent brutalement frappés afin d’avouer la qualité des Juifs et d’indiquer l’adresse des parents, maris, enfants, frères… »

 

C’est donc un homme traumatisé par les atrocités, mais aussi terrorisé que tout cela recommence qui s’installe à Vire en Normandie au sortir de la guerre. Très vite toute la région connait « la 4 chevaux du docteur Drucker qui sillonne la campagne », et aussi son fichu caractère. « Mon père qui est un bon médecin mais un mauvais père, jamais patient même avec ses malades mais grand médecin, veut des résultats immédiats. Il veut que ses trois fils soient trois maillots jaunes. »
 

Car Jean et Michel sont nés pendant la guerre en 41 et 42, Jacques arrivera en 46. Et les trois fils sont élevés dans cette quête de l’excellence qui fonctionnent bien pour les deux frères de Michel. Jean est énarque, Jacques, médecin puis professeur de médecine, Michel, « le saltimbanque » lutte pour trouver un peu de satisfaction dans les yeux de son père. Jusqu’au jour où une patiente du Dr Drucker vient au cabinet un Télé 7 Jours sous le bras, avec la photo de Michel en couverture. Elle veut un autographe de l’animateur. Abraham, comprend enfin : « Mon père m’a dit, mon fils à défaut d’être un médecin tu es devenu un médecin des âmes »

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Source:

France Info, profshistoirelcl.canalblog.com, France 5, Letop mags

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