
Dr Lise Alter.
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Une experte de santé publique, aguerrie aux rouages du système
Médecin de santé publique, Lise Alter n’est pas une technocrate hors-sol. Son parcours illustre une connaissance fine des institutions, des pratiques de terrain et de l’innovation biomédicale. Après avoir débuté à la Direction générale de la santé, elle a exercé à la Caisse nationale d’assurance maladie avant de rejoindre l’industrie pharmaceutique chez Lilly France. Une incursion précieuse qui lui a permis d’appréhender les contraintes réglementaires et économiques de la mise sur le marché des produits de santé.
Revenue dans le giron public en 2018, elle a ensuite intégré la Direction générale de l’offre de soins, puis la HAS, où elle a dirigé l’évaluation médicale et économique. C’est dans ce rôle clé qu’elle a coordonné les avis scientifiques sur les tests, traitements et vaccins pendant la crise Covid. Enfin, en 2022, elle a pris la tête de la toute nouvelle Agence de l’innovation en santé (AIS), conçue pour dynamiser le pilotage de France 2030 dans le domaine médical.
Une vision modernisatrice du système de santé
Ce que Lise Alter apporte aux médecins, ce n’est pas seulement une compétence technique : c’est une vision stratégique qui cherche à reconnecter les acteurs de terrain aux politiques publiques. Ses crédos pourraient être : lever les verrous, accélérer les innovations, anticiper les crises plutôt que réagir.
Sous son impulsion, l’AIS a commencé à simplifier les parcours d’expérimentation des dispositifs médicaux et à favoriser l’intégration des technologies numériques dans la pratique. Sa sensibilité aux réalités des professionnels de santé, qu’ils soient hospitaliers ou libéraux, se traduit par un effort constant de dialogue avec les terrains d’innovation clinique.
Vers une simplification des pratiques et une meilleure reconnaissance des médecins
Aux côtés de Yannick Neuder, Lise Alter disposera désormais d’un levier politique puissant pour traduire ces orientations dans les textes réglementaires. Sa présence peut être considérée comme la volonté de sortir d’une médecine administrée à l’excès, pour aller vers des organisations plus fluides, plus agilles, plus fondées sur la confiance et les compétences des médecins.
À l’heure où nombre de praticiens dénoncent une surcharge bureaucratique, une perte d’autonomie et une déconnexion des décideurs, espérons que cette nomination ouvre la voie à une simplification concrète des procédures, à des parcours plus cohérents entre ville et hôpital, et à une meilleure valorisation du rôle des soignants dans la santé publique. Reste à voir si cette dynamique pourra s’inscrire dans le temps et s’incarner dans les grandes réformes à venir : accès aux soins, attractivité des carrières, numérique en santé, évaluation des pratiques…