Un interne de chirurgie veut changer le monde (de la santé)

Article Article

Adnan El-Bakri, médecin et startuppeur

Un interne de chirurgie veut changer le monde (de la santé)

L’homme qui veut faire entrer l’hôpital public dans une nouvelle ère numérique s’appelle Adnan El-Bakri. Il a fondé une startup, Innov’Santé, pour améliorer l’efficacité du système de santé grâce à des solutions digitales.

 

Adnan El-Bakri est calme et posé, mais il vit à 200 à l’heure : en 8e semestre d’urologie à Reims, il est à la tête d’une startup, a son M2 de cancéro en poche, a rencontré deux ministres en quelques mois… et veut changer le monde.

Un rêve qui pourrait trouver son origine dans une expérience douloureuse du système de santé au Liban, son pays d’origine, alors qu’il n’avait que douze ans. Sa mère, enceinte de sa petite sœur et présentant des métrorragies abondantes, s’est vue refuser une prise en charge immédiate à l’hôpital et a été renvoyée vers les admissions pour remplir les formulaires justifiant de sa solvabilité. Choqué, Adnan décide de faire des études de médecine.

En route vers le meilleur système de santé du monde

Son bac en poche, il choisit de partir en France - bien qu’il ne parle pas un mot de français - réputée pour son système de santé, « le meilleur du monde ». Il espère secrètement pouvoir améliorer celui de son pays.

C’est au cours de son premier stage d’interne en chirurgie cardiaque qu’il fait trois rencontres qui vont changer sa vie. Sa future femme, tout d’abord, infirmière. Son ami Metin ensuite, également infirmier. Et Karine, qui travaille alors pour un fournisseur de matériel bio-médical.

Une usine à idées

Ces deux derniers vont fonder avec lui Innov’Santé en janvier 2016. « Tout est parti d’un groupe d’amis, qui a commencé à se réunir pour discuter de l’émergence de la e-santé dans le monde. » Le petit groupe de réflexion s’étoffe progressivement, avec quinze personnes de différentes professions. Des idées intéressantes voient le jour, notamment dans le domaine hospitalier qui tient à cœur à Adnan (il est un des premiers chirurgiens à avoir signé un contrat d’engagement de service public).

Il décide donc de rencontrer la direction du CHU pour leur faire part de quelques propositions. Leur accueil est enthousiaste, et ils lui recommandent de créer une entreprise pour développer ses projets. Ce qu’il fait, entouré de ses deux compères du début, les seuls à avoir envie de s’investir dans la partie administrative. Le reste du groupe fait partie de l’aventure, sous forme de comité scientifique : « c’est notre usine à idées ! » Un partenariat est actuellement en cours de finalisation avec le CHU de Reims.

Poches de sang et carte vitale 2.0

Une de leurs réalisations est OhMyBlood, une application en cours de développement avec le soutien de New Health et du CNOM, en partenariat avec l’EFS. L’objectif est d’optimiser la gestion des stocks de poches de sang en donnant aux établissements hospitaliers une visibilité sur les quantités de poches disponibles, et en envoyant des SMS aux donneurs selon leur groupe sanguin et leur géolocalisation.

Parmi les projets de la startup, il y a aussi une carte vitale 2.0 utilisant des QR codes, sorte de passeport santé pour dématérialiser le parcours de soins. Adnan a présenté cet outil au premier ministre du Liban en personne. Il espère que ce sera le premier jalon dans la réalisation de son rêve de doter les pays en voie de développement d’un système de soins plus équitable et efficace.

Source:

Sarah Balfagon

Les gros dossiers

+ De gros dossiers