Le communiqué, reçu ce mardi 9 mai, et signé par la Conférence des doyens, le CNOM, le Conseil national des universités, les conférences des Présidents de CME et de CHU et des DG de CHU ne transige pas. « Ils s’unissent et s’élèvent ensemble contre le palmarès Médecins experts 2023 publié par Le Point (édition 27 avril 2023 n° 2647). Ce classement, qui se fonde sur des informations subjectives et tronquées, porte préjudice tant aux praticiens qu’à la médecine et donc aux patients. »
Avant de détailler leur propos en 4 points :
- Un palmarès non représentatif : les médecins cités n’ont pas répondu aux questionnaires, certaines pointures n’y sont pas « car ils ont pris le temps d’exiger explicitement auprès du journal de ne pas y figurer ».
- Un palmarès injuste envers les médecins et les personnels non-médicaux : les signataires estiment que Le Point « met en doute la capacité des médecins généralistes à orienter leurs patients vers des praticiens de qualité » et blâment « l’absence des personnels paramédicaux » et « la notion d’équipe médicale, mise de côté. »
- Des critères de classement non pertinents : « Les trois critères utilisés par le palmarès (« notoriété », « nombre de publications », et « score Le Point » proche du score SIGAPS pourtant décrié) sont redondants et concernent quasi exclusivement les publications médicales des médecins. » Donc pour eux, ce classement « n’est pas pertinent sur le plan clinique. »
- Un palmarès qui ne traduit pas la réalité de l’exercice du soin : « il n'évalue que l’activité académique, c’est-à-dire un quart de la certification périodique des soignants mise en place dès cette année. Rappelons que la certification comporte quatre catégories : la connaissance (et pas seulement sa diffusion), mais aussi et surtout la compétence professionnelle, la relation avec les patients, et la santé des soignants. »
En conclusion ces institutions s’élèvent contre « ce classement, qui se fonde sur des informations subjectives et tronquées, porte préjudice tant aux praticiens qu’à la médecine et donc aux patients. »
« Il est louable de vouloir honorer la recherche médicale et ses acteurs »
L’Académie Nationale de Chirurgie (ANC) est un peu plus mesurée dans son communiqué. Elle souligne « qu’il est louable de vouloir honorer la recherche médicale et ses acteurs, ce d’autant que les financements de la recherche en France se situent actuellement en dessous des standards européens » et elle va jusqu’à féliciter les médecins qui figurent dans le classement.
Avant d’émettre quelques réserves sur « sa démarche » et « son interprétation biaisée » : car « la relation entre la qualité d’un opérateur et le nombre de ses publications » n’est pas établie.
« Les problèmes essentiels auxquels les professionnels de santé et leurs patients ont à faire face aujourd’hui sont : la dégradation des conditions d’exercice dans de nombreux établissements, tant publics que privés, et les risques liés à désertification médico-chirurgicale. Il est probable que les résultats de cette enquête ne contribueront pas à la résolution de ces difficultés. »
Pour l’académie la démarche d’évaluation est essentielle, même si la méthode du Point ne lui parait pas aboutie. « Les critères d’évaluation sont vastes : sélection des patients, indications des traitements, caractéristiques des équipes soignantes, organisation des blocs opératoires, réalisation des actes, durées d’hospitalisations, taux de complications, suivi extra-hospitalier… Les publications ont bien évidemment leur place parmi ces nombreux facteurs de qualité »
Mais elle trouve un intérêt à cette publication du Point. Ça aura « au moins été l’occasion de remettre en perspective la complexité d’un système de soins qui ne saurait être réduit à un classement, somme toute assez simpliste, bien qu’il soit le fruit de mois de travail au service d’une méthode rigoureuse. »