A star is reborn

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Critique de "En Corps", de Cédric Klapisch (sortie le 30 mars 2022)

A star is reborn

Une danseuse de l'Opéra de Paris se blesse pendant une représentation et apprend qu'elle risque de ne plus pouvoir rechausser ses ballerines. D'appréhensions en espoirs, de redécouvertes en émerveillements, de retour à soi en ouverture vers les autres, Cédric Klapisch filme sa lente reconstruction. Et, bonne nouvelle, se reconnecte à son talent. A voir pour ce renouvellement et pour l'éclosion d'un nouveau talent, la magnifique Marion Barbeau.

C'est toujours étonnant, la façon dont un film vous invite à vous glisser dans son histoire, dans sa réalisation, dans le mouvement qu'est un peu la résultante de l'une et de l'autre. Est-ce parce qu'il s'est adjoint les services d'un danseur et de sa compagnie? Est-ce parce qu'il s'est laissé immerger dans cet univers dont il semble si heureux de nous faire partager sa découverte? Parce qu'il a choisi de concentrer son regard sur Marion Barbeaud, danseuse confirmée mais novice en cinéma? Toujours est-il que, dès la scène d'ouverture, qui brouille les frontières entre la scène du Palais Garnier et ses coulisses, et plus globalement entre l'intimité et le spectacle qui composent une vie, Klapisch nous emporte, et on pressent immédiatement qu'avec son dernier film quelque chose va se passer, d'autant plus étonnant et émouvant que l'on ne s'y attendait plus vraiment. Il tient là un fil magique et mystérieux, un peu semblable au phantom thread qu'évoquait Paul Thomas Anderson, appliqué non pas à la mode mais à la danse et à ses sortilèges. Prenant un immense plaisir à confronter le classique au contemporain pour mieux les réunir, dans une dialectique qui passe bien plus par la forme que par le fond, il réussit, par le biais de cet art, et comme une métaphore du sien, à réunir ses deux aspirations de toujours : un cinéma de la profondeur, de l'exploration - des êtres comme des environnements - avec la volonté constante de la légèreté. Un art populaire, car transmissible. C'est son meilleur film depuis bien longtemps. Et c'est la première bonne surprise.

Mais il y a "en corps" plus, et cet encore est la découverte d'un talent brut de cinéma, Marion Barbeau, héroïne immédiatement magnétique, et sans jamais forcer son jeu, de l'univers si balisé, peut-être trop, de Klapisch. A l'image de la bande d'acteurs célèbres, certains habitués du cinéaste, qui accompagnent la débutante, tous dans un surjeu qui pourrait être gênant s'il ne venait renforcer la discrétion de son personnage, la spontanéité et le naturel de son interprétation. Les caractères sont d'autant plus réussis qu'ils ne sont qu'ébauchés, là encore dans la captation d'un moment de vie, d'un mouvement de vie, qui nous les rendent évidents. Mention spéciale à Muriel Robin qui trouve un ton particulièrement juste dans son rôle de bonne fée. 

Pour résumer, Klapisch se révèle être un grand cinéaste de la danse, la filmant comme il filme son actrice et comme il montre la vie : dans son intensité et dans son mouvement. On a juste envie de lui dire qu'on en voudrait encore...

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