Sporticlic, un site pour faciliter les certificats médicaux dans le sport

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Pour naviguer plus sereinement dans les eaux troubles du certificat d’aptitude à une pratique sportive, Anthony Bargoin a mis au point dans le cadre de sa thèse le site  Sporticlic. Entretien.

Sporticlic, un site pour faciliter les certificats médicaux dans le sport

Comment être sûr que l’on ne loupe pas un élément lorsque l’on établit un certificat d’absence de contre-indication à la pratique sportive ?  Si vous vous êtes déjà arraché les cheveux pour ne pas vous y perdre entre un patient qui veut faire du roller, un autre du parachutisme, du judo ou encore de la plongée, Anthony Bargoin a pensé à vous.

Avec sa directrice de thèse, Sylvaine Boeuf-Gibot, il travaille depuis 3 ans à la création de Sporticlic, un site pour faciliter cet exercice. « Le but était de créer un site et référencer une liste de sports et dire pour chacun ce que le médecin généraliste doit faire comme examens, cliniques ou complémentaires, avant de signer le certificat », explique Anthony Bargoin. 

C’est donc dans le cadre de sa thèse que le projet est né, dès sa première semaine de stage. « C’est l’avantage d’avoir une maître de stage jeune, ouverte aux nouvelles technologies et dans l’enseignement », précise Anthony Bargoin. « Il y a déjà pas mal d’outils informatiques pour aider les médecins généralistes, donc nous nous sommes dit ‘pourquoi pas développer un outil pour aider dans ce domaine’ », se souvient-il.

« Au fil de mes stages, j’étais attiré par l’ortho mais mon classement ne m’a pas permis de choisir cette spé. J’ai hésité entre médecine d’urgences et médecine générale, je suis parti sur la deuxième en me gardant la possibilité de faire médecine du sport, pour garder le lien avec l’ortho et la traumato », précise Anthony Bargoin. « Dès le début internat, j’ai voulu orienter ma thèse vers la médecine générale et du sport ».

Comment ça marche ? « Initialement, j’ai référencé une quarantaine de sports, olympiques et ceux qui ont le plus de licenciés, ou d’autres encore qui ne sont pas vus comme un sport mais très fréquents, comme le Pilates ou le yoga. Et après j’ai construit une arborescence avec l’interrogatoire, les questions à poser au patient, les antécédents, le sport déjà fait, le tabagisme… J’ai listé les contre-indications pour chaque sport. Et j’ai référencé l’examen clinique général, le même pour tout mais qui peut être modulé : pour le yoga il ne sera pas aussi approfondi que pour du tir ou de la conduite automobile par exemple. Il y a aussi une liste des examens complémentaires. C’était plus complexe à trouver, il y a les recommandations des sociétés savantes, mais certaines fédérations ont un règlement médical bien défini », explique Anthony Bargoin.  

Le site aura demandé beaucoup de travail et de recherche et a mis 3 ans à voir le jour. Aujourd’hui, il est accessible gratuitement.  « Nous l’avons fait en autofinancement, nous ne faisons pas de profit, le but est d’avoir un site pour recenser ces informations ».

L’autre objectif, sensibiliser les médecins aux bonnes pratiques : « il y a des exemples de patients qui sollicitent pour un certificat 3 jours avant une compétition et pour qui on a tendance à signer alors qu’ils n’avaient pas été suivis depuis un moment. Or il y a peut-être un risque cardio, il est intéressant de faire un électrocardiogramme avant de signer un document qui implique la responsabilité du médecin ».

Si actuellement le site se présente sous la forme d’une base de données, l’objectif d’Anthony Bargoin à moyen terme est de développer un outil où « le médecin puisse cocher des cases et qu’à la fin il puisse voir s’il peut ou non signer. C’est un projet qu’on souhaite développer dans le cadre d’une thèse ultérieure ».  Le site a demandé beaucoup de temps, notamment pour la partie qui consiste à « analyser le résultat et rédiger le corps de texte de la thèse ».

« On envisage une mise à jour annuelle du contenu. Dans un premier temps, je le fais moi-même. Et après on veut discuter avec le département de médecine générale de Clermont, pour mettre en place un travail collaboratif, se répartir les sports, se libérer de la charge de travail. »

L’Intersyndicale ReAGJIR vient de publier un communiqué visant notamment à réduire l’implication du médecin dans la rédaction des certificats médicaux, qu’en pensez-vous ?

« Oui il y a le débat, le projet de loi évoque de supprimer les certificats d’absence de contre-indication au sport et de le remplacer par un certificat d’engagement de responsabilité signé par le patient lui-même. Je ne pense pas que ce soit la meilleure solution. Établir ce certificat est aussi l’occasion d’assurer un suivi du patient, il y a en beaucoup qu’on ne verrait pas sans ça. D’un point de vue réglementaire, théorique, les consultations et examens complémentaires réalisés dans le cadre de ce certificat ne devraient pas être remboursées. Mais c’est l’occasion de faire un suivi, on signe pour un loisir mais on profite pour faire un bilan global de l’état de santé du patient. Ne pas faire de certificat, ce serait ne pas suivre certains patients et passer à côté de certaines pathologies. Mais il y a bel et bien une pénurie, nous sommes de plus en plus sollicités, donc il faut faire gagner du temps avec un examen bien orienté, pour décharger un peu les médecins ».

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