Grande figure de la vie politique française et féministe convaincue, Simone Veil, qui a porté la loi sur l'IVG et incarnait aux yeux des Français la mémoire de la Shoah, est décédée ce vendredi matin à l'âge de 89 ans.
C’est avec une immense tristesse que la communauté médicale a réagi ce vendredi au décès de Simone Veil. Locataire de l'avenue Duquesne (Paris) pendant plus de 7 ans, cette femme d’exception est restée célèbre pour avoir fait adopter en 1974 la loi autorisant l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) en France. Elle était alors Ministre de la Santé sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing.
Malgré la violence des attaques de parlementaires à l'époque, masculins pour la plupart, la rescapée du camp d'Auschwitz n’a jamais transigé sur ce point : « l’avortement est un choix qui doit appartenir aux femmes, et non aux médecins », disait-elle.
Un combat pour les plus démunies
Dans un communiqué, le Planning Familial rappelle surtout que cette magistrate a contribué à mettre fin à une profonde injustice : « les femmes les plus exposées au danger étaient (...) les plus démunies, celles qui n’avaient pas connaissance des réseaux, comme le MLAC et le Planning Familial qui pratiquaient des avortements sécurisés de manière illégale dans le cadre d’un mouvement de désobéissance civile ».
Pour ces raisons, l’ensemble des praticiens lui rend aujourd’hui hommage sur les réseaux sociaux. Pas une voix dissonante ne se fait entendre. Côté libéraux, Jean-Paul Ortiz (CSMF) écrit sur Twitter : « Hommage à Simone Veil, grande femme de convictions et grand ministre qui aura marqué l'histoire par son courage et sa force ». Le tempétueux Jean-Paul Hamon (FMF) fait preuve en ce jour de la même admiration envers la femme politique : « Simone Veil : une grande dame et Ministre exemplaire » .
Son de cloche identique à l'hôpital
Chez les hospitaliers, même gratitude. Pour Nicole Smolski (Avenir Hospitalier) : « C'était une grande femme, pour les femmes », alors que Martin Hirsch, le boss de l’AP-HP, se remémore un « souvenir ému de Simone Veil venue au Théâtre du Rond-Point (Paris) lancer le service civique devant 500 jeunes captivés par son immense stature ».
Enfin, ces successeurs à la Santé louent aussi sa pugnacité. D’abord Marisol Touraine : « Hommage à Simone Veil, femme de courage et d'engagement pour les droits et libertés des femmes », puis Roselyne Bachelot : « Émotion et chagrin intenses à l'annonce de la mort de Simone Veil un modèle, une grande dame ». Agnès Buzyn, qui connaissait personnellement Simone Veil, a conclu cette série avec des mots très intimes sur France Inter : « Je la connaissais (...) C'est elle qui m'a donné l'amour de la vie publique et si je suis ministre aujourd'hui, c'est pour ce goût de travailler au service des autres (...) Etre à ce ministère au moment où elle disparaît, je le vis comme une forme de passage de relais ».
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Sa biographie politique en 5 dates (avec AFP)
- Simone Veil est entrée en politique en 1974, comme Ministre de la Santé dans le gouvernement Chirac. Elle le demeurera dans les trois gouvernements Barre, se voyant adjoindre la Sécurité sociale en 1977-78, et la Famille en 1978-79. Durant ce mandat, elle revoit la « carte hospitalière », rééquilibre les comptes de l’Institut Pasteur et met en place des aides financières à destination des mères d’enfants en bas âge.
- Tête de liste UDF lors des premières élections au Parlement européen au suffrage universel en 1979, elle avait renoncé à son poste ministériel pour devenir présidente du Parlement européen (1979-1982). Réélue en 1984 et 1989, Simone Veil y siègera jusqu'en 1993.
- De 1993 à 1995, Mme Veil a été de nouveau ministre d'Etat, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville, dans le gouvernement Balladur. À ce poste, elle met notamment en place le Praticien adjoint contractuel (PAC) qui porte sur le statut des médecins ayant un diplôme étranger.
- Elle a écrit en 2007 une autobiographie à succès intitulée "Une vie" dans laquelle elle racontait son destin de rescapée des camps, son athéisme, son féminisme.
- En 2008, Simone Veil avait été élue à l'Académie française et, en 2012, élevée à la dignité de grand'croix, la plus la haute distinction de l'Ordre de la Légion d'honneur.
Source:
Bruno Martrette-Gomez