Rétine movie

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Ciné week-end: Ava, de L. Mysius (sortie le 21 juin2017)

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Ava, 13 ans, souffre de rétinite pigmentaire. Confrontée à la condamnation sans appel de bientôt perdre la vue, elle décide de saisir, pour la première et peut-être la dernière fois, la chance d'expérimenter le rêve de tout ado : la liberté... Un conte moderne, polymorphe et singulier aux sources d'inspiration foisonnantes. WUD s'est laissé envoûter !

Ava va bientôt perdre la vue. C'est le docteur qui le lui annoncé, au début de ses vacances. Déjà elle n'a plus de vision nocturne. Mais elle n'a pas besoin d'en arriver là pour connaître un sentiment que tout ado a subi à divers degrés: l'enfermement. Pour Ava, sa prison n'est pas tant sa maladie que sa mère, hystérique et immature, capable de tomber amoureuse à la simple vue d'une peau cuivrée. Le film commence sur le ton de la chronique adolescente, l'ambiance est très eighties, vacances à la plage, mais on est rapidement plus proche de Pialat que de L'effrontée de Claude Miller, tant Léa Mysius réussit, en quelques dialogues, à laisser percevoir la violence des rapports entre elles deux.

Pourtant, quelque chose doit craquer...Tout comme la vue d'Ava, ce film saturé de soleil est d'emblée envahi de points obscurs qui ne cesseront de croître. Intrigants, incongrus, ces signes annonciateurs des ténèbres à venir donnent une dimension inattendue à ce conte d'été, offrant de multiples pistes de lecture: politique, policière, et surtout fantastique. L'adolescence, comme le film, représente la lisière entre plusieurs mondes et l'éclosion de sentiments troubles, complexes, clair-obscur. 

Léa Mysius mène son film de bout en bout, prend le temps d'installer une atmosphère d'inquiétante étrangeté, de violence sourde, et bascule avec une belle énergie et une sincérité rafraîchissante vers la narration d'une love-story romantique et, peut-être, rêvée. Décidant de ne pas renoncer à la puissance solaire de l'enfance, la sombre Ava - incarnée par une jeune fille formidable dont la force de jeu et l'authenticité rappellent Adèle Exarchopoulos dans son premier rôle - nous entraîne avec elle vers les contrées reculées d'un territoire auquel l'adulte choisit souvent de renoncer: celui de sa liberté.

Source:

Guillaume de la Chapelle

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