Repêchez Willy!

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Ciné week-end: Willy 1er, de M. Gauthier, H.P. Thomas, L. et Z. Boukherma (sortie le 19 octobre 2016)

Repêchez Willy!

Willy 1er décrit le processus de survie et d'autonomisation, suite au suicide de son frère jumeau, d'un homme que les psychiatres d'antan auraient diagnostiqué comme idiot. Un premier film bancal mais qui se relève toujours. Comme son héros...

L'automne cinématographique consistera en une déferlante de films sociaux. Vous voilà prévenus ! Après le dernier opus, raté, des frères Dardenne, et juste avant la prometteuse et seconde Palme d'Or de Ken Loach, on vous présente un petit nouveau.

Willy 1er a de quoi énerver. La principale raison en est que, contrairement à son personnage, il cherche trop à se faire aimer. Réalisé par un quatuor de jeunes cinéastes fraichement émoulus d'une école à la mode, il a le look de ces derniers. On a parfois l'impression de se trouver devant une lubie de hipsters ne lésinant pas sur un visuel kitsch et une musique techno, au risque de se limiter à une poilade, une très longue pub décalée et ultra-efficace. Auréolé, mais surtout encombré, d'un trophée du "film culte", il lorgne parfois vers Groland. Pas très nouveau donc, tout en voulant l'être...

Et pourtant, on a sauvé Willy. En s'attachant à suivre l'itinéraire de ce personnage plus complexe qu'il n'y paraît, et en ne dérogeant jamais à ce projet, le film garde une cohérence qui, malgré quelques virages malvenus, tient la route. Il repose bien évidemment sur les épaules de son acteur principal, non professionnel et de la vie duquel les réalisateurs se sont largement insppirés, l'étonnant Daniel Vannet. Le comique repose avant tout sur des situations décalées et un humour très écrit. Quand on a ri, c'était franchement, ce qui nous a permis d'oublier les rires gênants d'une salle qui, au début du film, semblait être au zoo.

Enfin, après s'être égaré dans une histoire un peu trop facile d'humiliation sur le thème du respect des différences, le film se redresse en toute fin et ose bifurquer vers un final poétique assumé et réussi, d'autant plus percutant qu'il réunit tous les défauts que nous avons cités précédemment pour enfin entrer dans une dimension vraiment singulière, et s'achever sur une sublime chanson de Reggiani, démodée mais sans une once de kitsch...

Ode à ceux qui rêvent d'un ailleurs, qu'il soit à l'autre bout du monde ou dans le village d'à côté, et qui ne se résignent pas, ce road-movie de 9 km et 82 min mérite le détour !

Source:

Guillaume de la Chapelle

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