Qui est in, qui est con (verti)

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Ciné week-end : Come as you are, de D. Akhavan (sortie le 18 juillet 2018)

Qui est in, qui est con (verti)

Début des années 90. La jeune Cameron est surprise en plein ébat sexuel à l’arrière d’une voiture avec sa meilleure amie. Sa tante, qui s’occupe d’elle depuis qu’elle a perdu ses deux parents, l’envoie dans un centre avec pour objectif de la « guérir » de sa déviance. Un film plus pédagogique que percutant sur les thérapies de conversion, qui existent encore aujourd’hui.

Quand la religion s’allie à la médecine, le progrès est rarement au bout du chemin. Les tristement fameuses thérapies de conversion ne font pas exception à la règle. La réalisatrice Desiree Akhavan a décidé d’en montrer toute la stupidité mais aussi toute l’horreur sur lesquelles elles se basent.

La première chose qu’apprennent la jeune Cameron et ses camarades, c’est que le but de leur redressement n’est pas une conversion à l’hétérosexualité - après tout, l’homosexualité n’existe pas ! - mais à Dieu lui-même. En évacuant l’acte sexuel, on évacue le péché. Tout paraît si simple. Sauf que... en voulant jouer aux apprentis psys et « guérir » leurs patients, les deux illuminés qui dirigent le centre ne se doutent pas que le remède - la détestation de soi pour mieux s’en remettre à Dieu le sauveur - est pire que le « mal » !

En choisissant de ne pratiquement rien révéler du passé ni de la psychologie de Cameron, Desiree Akhavan souligne subtilement le fait que pour ces gourous thérapeutes il n’est pas besoin de « comprendre » le développement d’une sexualité, et que tout bois, même inventé, leur fait office de feu. Elle montre aussi que sa caméra est là avant tout pour accompagner ces ados et qu’en voulant trop expliquer, elle serait déjà dans le jugement et se rangerait immanquablement du côté de ceux qu’elle dénonce.

Cette narration très linéaire, qui évacue le questionnement, est aussi la limite du film. En prenant le risque de la simplification scénaristique à l’extrême, elle s’en remet à la puissance évocatrice de la mise en scène, dont hélas elle dispose peu. Ainsi, si la part pédagogique et dénonciatrice du film est réussie, il ne dispose pas d’assez d’air, de perspectives, de contrechamp, pour que le feu prenne vraiment.

Source:

Guillaume de la Chapelle

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