Tribune. Il y a quelques jours, je traversai au pas de course ma ville d’exercice pour rejoindre une consœur généraliste à son cabinet, après un crochet auprès du Conseil de l’ordre de mon département, qui mettait à disposition de chaque praticien une précieuse boîte d’une cinquantaine de masques FFP1. Au sein du vide intersidéral de munitions qui nous étaient pourtant annoncées – temps de guerre obligent –, cette annonce avait fait effet de manne providentielle. Pourtant, ne voyant guère d’intérêt à user de ces précieuses armes de combat, en tant que psychiatre confiné derrière un écran de téléconsultation, j’avais préféré répondre à l’appel pressant de cette collègue. Que de proximité ai-je ressenti à l’instant où je lui ai délivré ce lot de masques périmés mais pourtant inestimables.
Le hasard m’a plus récemment fait tomber sur l’intervention, médiatique celle-ci, d’une consœur de l’AP-HP qui, avec une assurance qu’il m’est, pour ma part, de plus en plus difficile de conserver depuis début mars, affirmait qu’«il n’y a pas de problèmes d’accès aux masques pour les soignants en hôpitaux». Soit. Propos rassurant, soignant rassuré. Espoir que les confrères du privé, dont je fais partie, puissent suivre – théorie du ruissellement mise en pratique. Tout ceci fut de courte durée, tant les réactions de ce que l’on nomme la base ne se sont point fait attendre : l’évidence du manque criant de matériel était aisément démontrable, témoignages et reportages à l’appui. Enième rupture dans l’harmonie d’une communication médicale à laquelle il est de plus en plus difficile, pour quiconque, d’adhérer. Lire la suite sur Libération.