Penser au coup d'après

Article Article

Depuis quelques mois, What’s up Doc suit quatre jeunes médecins sur la route du développement d’applis e-santé. Lorsque nous les avons laissés, ils peaufinaient la com’ de leurs projets (WUD#28). Les voici en train de rechercher des fonds… tout en pensant aux prochaines étapes de leur aventure.

Penser au coup d'après

Guillaume : des idées plein la tête

Guillaume, généraliste nordiste, travaille sur OrdoClik’, un projet de dématérialisation des ordonnances : celles-ci transiteraient directement du prescripteur au pharmacien, avec un exemplaire consultable sur le smartphone du patient. À la veille du lancement d’une campagne de crowdfunding au cours de laquelle il espère recueillir 18 500 euros, il se dit fin prêt. « La vidéo est terminée, j’ai créé un petit site qui reprend les idées de l’appli, j’ai préparé une vidéo, et tout est en place pour mobiliser les réseaux sociaux le moment venu », annonce-t-il.

Pour l’instant, le codage de l’appli n’a pas démarré. Ce qui n’empêche pas Guillaume de voir plus loin. « On me pose souvent des questions qui m’incitent à développer de nouvelles idées », explique le généraliste. Son ambition : arriver à normaliser les prescriptions, de sorte que les ordonnances ne soient pas envoyées sous forme de fichiers Word bruts, mais sous forme de documents interprétables automatiquement par l’appli.

Autre idée : instaurer une communication directe entre le cabinet et l’officine. « Si le médecin prescrit un médicament qui n’est plus disponible, le pharmacien pourrait l’en avertir directement, et une autre prescription pourrait être effectuée sur-le champ », rêve Guillaume. Celui-ci imagine également intégrer un jour à OrdoClik’ des ordonnances qui n’auraient pas été conçues dans l’appli. « Le patient pourrait les scanner, et elles seraient interprétées par reconnaissance des caractères », prévoit-il. Mais tout cela, c’est pour plus tard. « Il faut commencer par le début », remarque sagement le startupper.

Henri : à la conquête de mondes nouveaux

Henri, gastroentérologue universitaire, développe pour sa part un outil de compagnonnage numérique à destination des étudiants et des internes. Baptisé Companion Sheep, celui-ci plonge l’utilisateur dans les conditions réelles de la vie hospitalière : il sonne à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit pour présenter à son heureux propriétaire des cas cliniques.

Henri aussi prépare une campagne de crowdfunding, avec pour objectif de lever 15 000 euros. « Il s’agit de faire une V0 pour montrer qu’on est sérieux et qu’on travaille », explique-t-il. Côté administratif, tout est bouclé, les statuts d’une association à but non lucratif sont prêts… Et côté com’, Henri a tourné un teaser vidéo « pour que ça buzze », prévient-il.

Mais tout comme Guillaume, le gastroentérologue voit un peu plus loin que la V0 de Companion Sheep. Il a notamment intégré à son équipe un ami maître de conférence en droit. « Je pense que le concept est déclinable dans d’autres disciplines, et notamment pour les études juridiques », explique Henri. Celui-ci n’entend toutefois pas brûler les étapes. « Le droit, cela viendra en deuxième lieu : nous allons d’abord éprouver notre concept dans le domaine de la médecine », tempère-t-il. Chi va piano va sano.

Amir et Romain : un bon coup de collier

Amir et Romain sont quant à eux en train de développer une appli dénommée MedicEasy. Ces deux internes entendent aider médecins et patients à préparer les consultations, en s’appuyant notamment sur des outils d’autoquestionnaire. « Ces derniers temps, nous nous sommes concentrés sur la structuration de notre startup », raconte Romain. Au menu : dépôt des statuts de l’entreprise, contractualisation avec divers intervenants, test des principales idées auprès d’utilisateurs potentiels, écriture d’un business plan… L’objectif est clair : il s’agit d’être en capacité de lever des fonds.

Les deux comparses ont également passé beaucoup de temps à peaufiner le produit lui-même. « L’idée est de travailler sur l’expérience utilisateur », précise Romain, qui envisage d’ailleurs de prendre six mois de disponibilité pour se consacrer davantage à MedicEasy. « Il faut mettre un coup de collier pour faire vraiment exister le projet », explique-t-il.

Comme Guillaume et Henri, les deux internes pensent aussi beaucoup à la suite. « Pour l’instant, nous allons développer un outil qui permet à l’information de transiter du patient vers le médecin », explique Romain. « À terme, nous voudrions pouvoir aller dans l’autre sens : le médecin doit pouvoir envoyer des rappels au patient, par exemple. » Mais ceci est une autre histoire.

Les gros dossiers

+ De gros dossiers