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Après avoir battu le pavé fin avril contre les projets de régulation de leur installation, les internes de médecine générale doivent remettre le couvert cette semaine contre la réforme de leur quatrième année d’internat, dont l’application est prévue dès l’automne 2026.
Cette mobilisation fait suite à une enquête, publiée le 5 juin par le collège académique des généralistes enseignants (CNGE), montrant que seuls 16% des maîtres de stage universitaires (MSU) sont prêts à accueillir un docteur junior dans les conditions de rémunération actuelles ; alors qu’environ 3 700 de ces derniers sont attendus dès novembre 2026.
Car pour les MSU, la réforme prévoit une rémunération de 3 000€ par mois, comprenant 1 200€ pour les charges de cabinet et 600€ pour l’encadrement, auxquels peuvent s’ajouter 800€ de prime en zone d’intervention prioritaire (ZIP), et 400€ de prime de supervision pour la permanence des soins (PDSA).
« Un salariat avec prime »
L'Isnar-IMG redoute qu’en cas de manque de MSU, les docteurs juniors soient privés de stage en ambulatoire et contraints de se rabattre sur l’hôpital, ce qui « viderait » de fait « la réforme de sa substance ».
« Nous n’avons pas choisi la médecine générale pour faire de la médecine hospitalière », a déploré l'intersyndicale, appelant au report de la réforme en l'absence d'un « engagement ferme » du ministère pour assurer un nombre suffisant de MSU. Dans ces conditions, « la 4e année est vidée du peu d’intérêt pédagogique qu’elle aurait pu avoir ».
Mais l'Isnar-IMG se bat également contre une rémunération qu’elle juge « indigne » pour les docteurs juniors ambulatoires (DJA) eux-mêmes.
Entre une part fixe de 2 375€ brut versée par le CHU, une part variable, un bonus ZIP de 1 000€, et une prime en cas de participation à la PDSA, « on pourra arriver à 4 500 € nets par mois », avait prévu le ministre de la Santé Yannick Neuder, le mois dernier.
« Cette rémunération, c’est un salariat avec prime », estime Bastien Bailleul, président de l’Isnar-IMG « On ne va pas du tout être formé à la gestion de la comptabilité, qui était pourtant le but de cette année en libéral ».
De plus, la part de consultations à réaliser pour toucher le maximum de la rémunération est « inatteignable » pour les DJA, ajoute Bastien Bailleul, qui en prévoit environ 25 par jour.
Retournement de situation
Face au préavis de grève déposé ce week-end par l’Isnar-IMG, Yannick Neuder envisage l’extension de la prime ZIP pour les MSU, aux zones d’action complémentaire (ZAP) et aux quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), a-t-il indiqué samedi, lors de son passage au congrès de MG France, le principal syndicat de la profession.
« C’est une avancée forte que la profession salue », réagit Bastien Bailleul. « En gros, on passerait à 87% du territoire éligible à la prime ».
Est-ce assez pour lever le préavis de grève ? « Je suis tout à fait disposé à le faire si les négociations se poursuivent dans ce sens-là », continue-t-il. L'issue dépendra du vote des adhérents de l’Isnar, qui doivent se réunir jeudi soir pour en discuter.
Quant aux décrets clarifiant les contours de la réforme, ils doivent paraître « avant le 14 juillet », avait indiqué le ministre de la Santé Yannick Neuder, excluant tout report de la réforme.