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« Nous sommes en danger. Nous sommes en danger de la part des personnes qui nous agressent, et nous sommes en danger face à la justice qui ne nous rend pas justice », a lancé hier le Dr Saïd Ouichou sur les antennes de France Inter, appelant à la mobilisation des médecins contre les violences subies dans le cadre de leur travail.
Ce généraliste exerçant les quartiers nord de Marseille avait élevé la voix contre les violences envers les soignants, à la suite de l’agression de sa collègue l’été dernier.
Deux associations ont déjà répondu favorablement à l’appel de Saïd Ouichou : l’UFML-S et le collectifs Médecins pour demain. « Nous ne pouvons accepter que dans cette société dite moderne, on agresse des blouses blanches. (…) Nous ne pouvons plus accepter que les peines requises contre les agresseurs soient sans comparaison avec les violences subies », a réagi le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
Deux semaines de TIG pour un nez cassé
Ces prises de parole font suite à la condamnation jugée dérisoire, la semaine dernière, de l’agresseur du Dr Mohamed Oulmekki, frappé dans son cabinet de Drancy (Seine-Saint-Denis) en novembre 2024.
Le suspect de 22 ans a écopé de deux semaines de travaux d’intérêt général et de 2 000 euros d’amende. Un jugement qui a provoqué l’indignation de la profession, à commencer par le premier concerné, qui avait eu subi une fracture du nez et un mois et demi d’ITT, en plus de toutes les « séquelles psychologiques ».
« C’est un encouragement à toutes les personnes qui ont envie d’agresser un médecin », a réagi sur France Inter le généraliste, qui vient à nouveau d’être arrêté pour deux mois. « On a légitimé l’agression sur les médecins : "allez-y, vous ne risquez rien". Je ne comprends pas ».
Près de 1 600 agressions contre des médecins (violences verbales et physiques, dégradation du matériel…) ont été recensées par le CNOM en 2023, un chiffre en hausse par rapport à l’année précédente.
« Si on en est là aujourd’hui, c’est parce que le système de santé est tellement dégradé que les gens vivent une énorme frustration, qu’on peut comprendre, mais pas qu’ils passent à l’acte. C’est une chose qu’on refuse complètement », a conclu Saïd Ouichou.
Le généraliste réclame la création d’un délit d’outrage pour que la loi punisse plus sévèrement les agressions de soignants.