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« La préparation de l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM) pour 2026 intervient dans un contexte budgétaire particulièrement dégradé pour les CHU français », rappellent les conférences des directeurs généraux de CHU, des présidents de CME et des doyens de médecine dans un communiqué commun, ce lundi.
Le déficit des CHU a continué de s’accroitre ces dernières années, pour atteindre 950 millions d’euros en 2024, contre 200 millions en 2021.
Une dérive qui s'explique en grande partie, selon une mission de l’Igas citée dans le communiqué, par « des causes exogènes à la gestion des CHU » : 500 millions d'euros liés au sous-financement des mesures salariales nationales et 350 millions dus à l’inflation sur la période 2021-2024.
« Un ONDAM en trompe-l’œil »
Les conférences dénoncent un Ondam 2026 affiché à 2,4 %, mais qui, une fois corrigé des effets d’annonce, ne progresserait en réalité que de 1,5 %. « Ce niveau d’ONDAM est totalement inédit. Il faut remonter à 2016 pour retrouver un ONDAM à 1,8 % », soulignent les signataires du communiqué.
Une évolution qui, selon leurs calculs, se traduirait par une baisse des tarifs d’environ 1,5 %, nécessitant, par conséquent, de demander aux établissements de réaliser 4 points de gains de productivité.
« Pour un CHU doté d’un budget d’un milliard d’euros, cela correspondrait à 40 millions d’euros d’économies à réaliser en année pleine, ce qui illustre le caractère totalement irréaliste de la commande », alertent-ils
Coupes sur l'emploi et baisses d'investissement
Avec un tel niveau d'Ondam, les CHU n’auraient dès lors que deux leviers pour limiter la casse, selon les conférences : freiner l’emploi et geler les investissements. « La limitation des dépenses de personnel s’imposerait, alors même que le Ségur visait à rétablir l’attractivité des établissements après la crise Covid », regrettent les conférences.
Elles rappellent également que les postes administratifs ne représentent que 6 % des effectifs des hôpitaux publics, une donnée qui contredit « l’idée colportée selon laquelle les hôpitaux seraient sur-administrés ».
Quant aux investissements, leurs gels seraient « d’autant plus mal venus que les établissements sont engagés dans une remise à niveau de leurs équipements et de leurs bâtiments, conformément au volet investissement du Ségur », préviennent-elles.
Redresser le niveau
Plus largement, les conférences dénoncent une logique budgétaire « court-termiste », et « qui ne repose sur aucune réforme de structure ».
« En organisant une dégradation accélérée de la situation financière des hôpitaux publics, l’ONDAM 2026 fragilise l’offre de soins et les fondamentaux de notre système de santé », affirment-elles.
Selon elles, aucune réforme structurelle n’accompagne ce cadrage budgétaire, que ce soit sur la carte hospitalière, sur la prévention ou encore sur la formation des soignants.
Enfin, les conférences soulignent que l’Ondam 2026 « ne préserve pas les capacités des CHU français alors que ceux-ci sont invités à se préparer à l’hypothèse d’un conflit conventionnel en Europe ». En effet, en août dernier, le ministère a demandé aux hôpitaux de se tenir prêt à une potentielle guerre d’ici mars 2026, notamment pour accueillir des milliers de soldats blessés.
Face à ces constats, elles appellent le Parlement à redresser le niveau d’Ondam pour éviter « des effets délétères » pour les structures hospitalières, notamment universitaires.
« Un tel ONDAM irait à l’encontre de toutes les leçons tirées de la crise Covid et des engagements pris dans la foulée », concluent-elles.