« Non les 1 000 naissances par an, ne sont pas le bon critère pour fermer ou pas une maternité. Certaines grosses maternités sont dangereuses »

Article Article

Un rapport de plus vient alerter les autorités sur la situation préoccupante de la périnatalité.  L’Académie de médecine a publié le 1er mars un rapport qui souligne les grandes difficultés de la périnatalité. Il fait suite au rapport de Santé Publique France en septembre dernier qui témoignait d’une situation préoccupante de la santé périnatale de façon globale en France. Le Syngof dans un communiqué « salue ce rapport mais regrette que celui-ci n’ait pas été enrichi de l’expérience des praticiens libéraux ». Et appelle à reprendre les négociations commencées en 2018.

« Non les 1 000 naissances par an, ne sont pas le bon critère pour fermer ou pas une maternité. Certaines grosses maternités sont dangereuses »

© IStock 

Le Syngof alerte dans un communiqué sur « l’offre de soin en maternité qui est très hétérogène et qui depuis 30 ans se concentre. On perd un nombre de maternités chaque année selon différents critères. Malgré cette concentration, en France, il persiste encore beaucoup de maternités où les soins ne sont plus de qualité requise. Dans ces maternités il n’y a pas le personnel suffisant en nombre suffisant 24h/24h, 7j sur 7. L’académie de médecine a proposé des critères pour concentrer plus rapidement l’offre de soin, que la sécurité des mamans et des nouveaux nés soit égale sur tout le territoire. »

Le syndicat du Syngof n’est pas d’accord sur le seul critère de fermer les maternités qui partiquent moins de 1 000 accouchements par an, car « il y a des maternités qui font moins de 1 000 accouchements et qui fonctionnent très bien avec une qualité et une sécurité assurée. Et il y a aussi des maternités qui font plus de 1 000 accouchements et qu’il faudrait fermer », explique Bertrand de Rochambeau, président du Syngof.

Pour le Syngof, il faudrait s’appuyer sur d’autres critères pour qualifier les maternités dites « dangereuses ».  Pour Bertrand de Rochambeau « il y a au moins 2 critères :  le taux d’autorisation d’intérim et le nombre de praticiens disponibles, effectivement présents pour tourner 24h sur 24, 7 jours sur 7 jours. Dans les hôpitaux publics, ce nombre est de 7 équivalents temps plein, dans les maternités privées il est de 6. Les maternités qui ont moins de 6 spécialistes temps plein, effectifs, c’est souvent celles qui ont le taux d’intérim le plus haut et qui doivent être réformées, et quel que soit le nombre d’accouchements. » 

« Il faut arriver à faire travailler privée et public ensemble dans des centres de périnatalité qui sont plus prés des patientes et une ou deux grosses maternités qui tourneront 24h sur 24h avec du personnel formé. »

La vraie proposition du rapport est en effet celle qui prône un regroupement territorial public-privé. « Il faut arriver à faire travailler privée et public ensemble dans des centres de périnatalité qui sont plus prés des patientes et une ou deux grosses maternités qui tourneront 24h sur 24h avec du personnel formé. »

En effet « ce système existe dans plusieurs régions et a permis de fermer des maternités dangereuses. Comme le réseau Aurore en région Rhône -Alpes. Il faut mettre en place un nouveau paysage mais pour cela il faut que l’organisation statutaire des maternités évolue » renchérit Bertrand de Rochambeau. « Aujourd’hui, le fonctionnement des maternités en France a été pour la dernière fois actualisé en 1998. L’offre était différente et l’organisation était en adéquation avec les attentes de l’époque. Aujourd’hui les attentes des patientes ont changé, les ressources humaines ont aussi beaucoup diminué. Nous sommes donc contraints de nous organiser autrement mais pour cela il faut que la DGOS sorte les décrets. »

D’autre part ce problème se majore par la lourdeur et le manque d’attractivité de la garde en gynécologie obstétrique, pédiatrie, anesthésie-réanimation et maïeutique qui ont pour conséquence la fuite des salles de naissance : la moitié des chefs de cliniques de gynécologie obstétrique arrêtent immédiatement la garde obstétrique et les sage-femmes, formées en nombre, quittent aussitôt la salle de naissance, leur cœur de métier, pour une pratique libérale de consultations sans garde.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/5-chiffres-connaitre-sur-la-sante-en-france-en-2022-surtout-quand-est-medecin

« Tout a été interompu par la crise du Covid et les décrets d’autorisation qui devaient sortir en 2022 pour les maternités ne sont toujours pas sortis car nous n’avons pas terminé les dialogues. Nous appelons à reprendre avec tous les acteurs les sages femmes, les anesthésistes, les gynécologues obstétriciens, les kinés, que tout le monde se mettent autour de la table de la DGOS, comme c’était le cas en 2019 et que nous terminions la mise au point de ce que doit être une maternité en 2023. »

« Le rapport de l’Académie de médecine pose un bon diagnostic mais si c’est pour finir au fond d’un tiroir cela ne sert à rien. Nous profitons de sa sortie pour le bonifier et le transformer en une action gouvernementale mais qui doit se faire en concertation avec les acteurs. Si on faut les choses sans nous, elles seront faites contre nous » conclut Bertrand de Rochambeau.

Les gros dossiers

+ De gros dossiers