À Nice, l’intelligence artificielle s’offre un diplôme universitaire

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Peu de formations adaptées, difficultés de compréhension avec les mathématiciens… Nombreux sont les médecins qui souhaitent s’investir dans des projets d’IA sans y parvenir. Un problème dont a décidé de se saisir le Dr Olivier Humbert. En novembre, ce médecin membre de l’Institut 3IA de Côte-d’Azur lance un DU dédié aux professionnels de santé.

À Nice, l’intelligence artificielle s’offre un diplôme universitaire

Le soleil estival tape contre les murs de la Faculté de Médecine de Nice. Accoudé à une table qui fait écho à l’âge du bâtiment, Olivier Humbert, médecin nucléaire et chercheur adepte de l’intelligence artificielle, projette de changer le monde dès la rentrée. Son projet ? Développer dans le cadre de l’Institut Interdisciplinaire d’Intelligence Artificielle Côte-d’Azur un diplôme universitaire à destination des professionnels de santé. « L’IA n’est pas une mode, c’est une révolution », affirme celui qui souhaite réaffirmer le rôle des médecins dans ce développement technologique.

La force de ce DU est son côté pratique

À partir de novembre prochain, vingt à trente étudiants devraient rejoindre les murs de la faculté de médecine niçoise et de l’Institut d’IA Sophia-Antipolis. Internes, médecins, professionnels paramédicaux, ingénieurs biomédicaux, chercheurs dans le domaine de la santé installés sur le territoire national sont invités à suivre cette formation longue de 112 heures. « Le DU est organisé sur six mois. Pour s’adapter au rythme de vie des médecins, nous proposons une session par mois de deux à trois jours », détaille celui qui précise que la formation sera partagée entre des séances en ligne et des travaux pratiques en présentiel.

Données de santé, intelligence artificielle fondamentale, radiomique, innovation et entrepreneuriat… En tout, quatre modules ont été imaginés pour permettre aux médecins de comprendre les tenants et les aboutissants de cette « nouvelle science. » « La force de ce DU est son côté pratique. Je pense que ça s’adresse surtout à des personnes qui derrière ont déjà une idée de projet ou ont l’envie de mettre les mains dans le cambouis en start-up ou recherche académique », prévient Olivier Humbert, qui souligne que l’offre est également ouverte aux novices en programmation puisqu’un module de rattrapage optionnel est au programme.

Pour mieux soigner les patients, je me suis tourné vers les mathématiciens

Cela fait des années que ce chercheur est persuadé que la formation des médecins en intelligence artificielle souffre de carences. Une conviction bâtie à partir de sa propre expérience. « Ça peut sembler surprenant qu’un médecin nucléaire porte ce projet d’IA. Mais depuis le début de ma recherche, je travaille sur la manipulation des images », explique Olivier Humbert.

Un terrain de recherche qui l’a poussé à jongler avec des données de plus en plus complexes. « Pour mieux soigner les patients, je me suis donc tourné vers les mathématiciens », poursuit-il. Un soutien de poids pour celui qui confie avoir appris l’IA « sur le tas. » « Quand j’ai commencé, il n’y avait pas de formation adaptée. En médecine, on ne nous a jamais vraiment parlé de l’impact des mathématiques sur la prise en charge des patients. Ce DU est là pour changer ça », livre Olivier Humbert, qui constate que de plus en plus de jeunes médecins souhaitent porter des projets d’IA.

En tant que médecin, nous parlons souvent d’IA de manière généraliste

Cette demande en hausse est pourtant souvent douchée par un choc des cultures. « En tant que médecin, nous parlons souvent d’IA de manière généraliste. Les mathématiciens le sentent et pensent que nous n’avons pas le bagage scientifique », explique en écho Olivier Humbert. Une difficulté de dialogue que ce DU doit permettre de gommer. « Cette formation va apprendre aux médecins les fondamentaux du machine learning afin qu’ils ne paraissent plus déconnectés. »

Le mathématicien développe des algorithmes performants, mais ne maîtrise pas la qualité de la donnée médicale 

L’importance de l’implication médicale dans le développement de ces projets d’IA n’est pourtant plus à prouver. « À l’origine de ce DU, ce sont des mathématiciens qui m’ont dit qu’il fallait que d’autres médecins soient formés », explique Olivier Humbert. Un atout interdisciplinaire qui permet aux technologies d’être les plus pertinentes possibles. « Le mathématicien développe des algorithmes performants, mais ne maîtrise pas la qualité de la donnée médicale », explique le médecin nucléaire.

Un manque de connaissances que le professionnel de santé est capable de facilement combler. « Ça pour le coup, le médecin est formé. Dès la collecte des données, il a un rôle pour vérifier l’absence de biais. Ensuite, il est capable de juger de l’efficacité de l’algorithme », explique Olivier Humbert, convaincu que le médecin représente « une garantie d’utilité » d’un outil d’IA dans la prise en charge des patients.

Place aux inscriptions !

Depuis fin août, les inscriptions ont commencé ! Vous avez jusqu’au 15 octobre pour postuler. Les pré-requis ? Avoir minimum un bac +4. « La formation s’adresse aux professionnels de santé (médecins, pharmaciens, physiciens médicaux…), étudiants et chercheurs en biologie-santé, ingénieurs biomédicaux », rappelle le site de l’Université de Médecine. Cela, sans oublier que la formation coûte 1 557 euros.

Pour en savoir plus sur la formation, c’est par ici ! Et pour vous inscrire, c'est par . Il ne reste plus qu'à cliquer sur "Composante Médecine", puis "Diplôme Université 2nd cycle" avant de croiser les doigts ! 

 

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