L’ordonnance papier tire sa révérence

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L’ordonnance papier tire sa révérence

Selon une étude publiée en octobre dans JAMA Dermatology, les patients seraient plus observants s’ils reçoivent une ordonnance électronique. Un résultat qui interroge sur la nécessité de moderniser le mode de délivrance des prescriptions.
 

L’ordonnance électronique est plus efficace que son équivalent papier. C’est ce que suggère une étude publiée le mois dernier dans JAMA Dermatology, et réalisée par des dermatologues de l’école de médecine de Chapel Hill en Caroline du Nord. Après des siècles de bons et loyaux services, l’ordonnance papier, symbole de l’acte médical, sera bientôt mise à la retraite. C’est en tout cas ce que semblent croire les partisans du tout numérique.

D’abord les faits. Les auteurs ont utilisé les données d’une clinique au Texas. Entre 2011 et 2013, 4300 ordonnances de médicaments dermatologiques y ont été rédigées pour 3000 personnes. Parmi elles, 800 ont reçu des ordonnances électroniques et 1700 des ordonnances papier. Résultat : une diminution de 16 % de la non-observance pour la version numérique. « 16 % est un chiffre peu élevé mais encourageant », commente le Dr Guillaume Gobert, généraliste et fondateur d’Ordoclik’, une startup qui travaille sur la dématérialisation des prescriptions médicales.

Un gain de temps pour les médecins et leurs patients

Selon ce fervent partisan du digital, l’ordonnance électronique présente de nombreux avantages en dehors de l’observance. « Ce système est plus rapide », affirme-t-il. Il ajoute qu’imprimer une ordonnance n’est ni économique ni écologique.

Le patient en sortirait aussi gagnant. « Ils sont nombreux à se plaindre de la lisibilité des ordonnances papiers », note le généraliste. La version numérique a d’autres points positifs. « Le patient pourrait avoir en permanence son ordonnance sur lui et se rappeler facilement ses posologies », complète-t-il.

La France encore frileuse

Pour l’instant, la prescription électronique est loin d’être un succès en France. « L’Agence régionale de santé du Nord et l’Asip santé (Agence des systèmes d’information partagés de santé, ndlr) ont déjà réalisé des expérimentations lorsque le dossier médical patient est arrivé, sans succès », se souvient Guillaume. « Les serveurs étaient trop lents à l’époque. »

De son côté, Ordoclik’, encore en phase de financement, espère moderniser l’exercice médical. « J’imagine mettre des rappels dans l’application et permettre aux patients de cocher les médicaments qu’ils ont pris afin d’améliorer leur observance », explique le fondateur de l’application. « Ils pourraient aussi y noter les effets secondaires. »

En Europe, plusieurs pays ont pris de l’avance dans le déploiement de la e-prescription. En Andalousie, par exemple, 85 % des prescriptions étaient déjà digitales en 2008. « Nous sommes en phase de transition, mais l’avenir est dans le numérique », prédit Guillaume Gobert. « Bientôt, l’ordonnance électronique sera obligatoire, comme à New York où c’est le cas depuis mars 2016. » Petite pensée pour les imprimantes des cabinets médicaux, qui vont peut-être bientôt prendre la direction des caves ou des greniers.

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