Persiste et signe : ce n'est pas une nouvelle étude publiée dans la revue The Lancet qui va faire changer d'avis le professeur Didier Raoult, sur les bienfaits du traitement du covid19 par l'hydroxychloroquine et l'azithromycine. Bien au contraire. Dans une nouvelle vidéo mise en ligne ce matin, le directeur général de l'IHU Méditerranée s'en prend violemment à cette étude. Il rappelle dans un premier temps que son étude, à lui, qui a inclus "3600 patients avec 0,5% de taux de mortalité, a la plus basse mortalité au monde. Je sais pas si l’hydroxychlroquine tue mais ici elle sauve beaucoup de gens". Et d'ajouter : "On a fait 130 000 tests de diagnostic par PCR chez 50 000 patients on a fait le diagnostic de 5000 cas, nous avons fait notre travail."
Au sujet de l'étude de The Lancet, qui semble démontrer que le risque d'arythmie cardiaque pourrait être accru de 400 % chez les patients recevant la combinaison hydroxychloroquine avec un antibiotique, le Pr Raoult affirme ne pas changer d'avis sur son traitement : "Vous ne croyez pas que je vais changer (d'avis) parce qu’il y a des gens qui font du big data, ce qui est une espèce de fantaisie complètement délirante, qui prend des données dont on ne connait pas la qualité, qui mélange tout, qui mélange des traitrements dont on ne sait pas la dose que l’on a donné."
"Dérive des journaux"
Comme pour expliquer ces données, qu'il qualifie de foireuse, le Pr Raoult dénonce une dérive de la presse médicale : "Il faut se poser la question de savoir s’il existe une dérive des journaux de la recherche médicale, ce que je crois, comparable à ce que l’on a vu dans la dérive des médias généralistes, dans lequel la réalité tangible, le vrai monde, est tordue d’une telle manière qu’à la fin ce qui est rapporté n’a plus rien à voir avec la réalité observable." Et d'ajouter : "Rien ne va effacer, sinon le gâtisme l’alzheimer, ce que j’ai vu de mes yeux. Ce qui se publie dans la littérature est complètement déraisonnable."
Le Professeur marseillais dénonce aussi à mots couverts une étude orientée pour privilégier le traitement par des molécules beaucoup plus chères que l'hydroxychloroquine, qu'il s'agisse du Remdesevir ou du Tocilizumab : "Je connais très bien l’hydroxychloroquine, d’ailleurs les rhumatologues l’utilisent couramment, peut-être qu’ils n’auront plus le droit d’ailleurs, peut-être qu’ils vont le remplacer par un autre médicament, le tocilizumab, qui coûte 20 à 50 fois plus cher ? C’est une vraie question : faut-il détruire tous les vieux médicaments qui marchent depuis des décennies pour les remplacer par de nouveaux médicaments qui ne sont pas plus utiles, et qui coûtent un prix fou ?"
Les dernières études publiées sur l'hydroxychloroquine montrent une discordance entre les données observationnelles et les analyses rétrospectives de bases de dossiers de patients.
A l'IHU, nous faisons confiance à la réalité, pas au big data mal maitriséhttps://t.co/DNZNKXJSnh— Didier Raoult (@raoult_didier) May 25, 2020"
"Foireuse" ou pas, la publication de cette étude dans The Lancet a poussé le ministre de la Santé Olivier Véran à demander au Haut conseil de santé publique (HCSP) une réévaluation des règles dérogatoires de prescription de l'hydroxychloroquine :
Suite à la publication dans @TheLancet d'une étude alertant sur l'inefficacité et les risques de certains traitements du #COVIDー19 dont l'hydroxychloroquine, j'ai saisi le @HCSP_fr pour qu'il l'analyse et me propose sous 48h une révision des règles dérogatoires de prescription.
— Olivier Véran (@olivierveran) May 23, 2020
Pour rappel, Olivier Véran avait publié un décret qui autorisait en milieu hospitalier et pour les cas les plus sévères la prescription d'hydroxychloroquine. Le 23 mars dernier, Olivier Véran en faisait l'annonce. Mais les conditions de prescription telles qu'elle avaient été décidée par le ministre de la Santé avaient été décriées par le professeur Raoult, qui recommandait pour sa part la prescription d'hydroxychloroquine associée ou non à l'azithromycine dans les formes peu sévères.