Les urgentistes sont des babas cools

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Hédonistes, désintéressés, moins ambitieux…

Les urgentistes sont des babas cools

Une étude réalisée sur les urgentistes de plusieurs grands centres hospitaliers universitaires américains suggère qu’ils sont plus altruistes que la norme des médecins. Leur sens du commerce serait aussi moins développé que chez leurs confrères.

Dans le monde de la médecine, quelques spécialités sont à part : la psychiatrie ou la santé publique se détachent de manière évidente par la différence dans la pratique. Mais s’il fallait désigner une population de médecins dont l’exercice semble proche de l’ensemble de la profession mais qui apparaît un peu différente des autres, l’une des premières qui viendrait en tête serait celle des médecins urgentistes.

Et des chercheurs de plusieurs facs américaines ont décidé de voir en quoi ils étaient différents, psychologiquement parlant, du reste de leurs confrères. Résultat : ils sont plus altruistes et ont un sens du commerce moins aiguisé. Ils sont aussi moins curieux, moins prudents, et moins ambitieux dans leur carrière.

Des bobos hédonistes

L’étude, publiée dans AEM Education and training, a été réalisée sur 140 urgentistes internes et chefs de cliniques (residents), et repose sur trois tests : le HPI (Hogan personality inventory), le HDS (Hogan development survey) et le MVPI (Motives, values, preferences inventory). Les résultats ont été comparés aux résultats normés d’un échantillon représentatif de la population médicale américaine.

Certes, ils concernent les États-Unis, avec le décalage culturel que cela implique, tant dans la personnalité individuelle que dans l’approche de la médecine. Certes, elle a été menée dans cinq hôpitaux universitaires géants – dont quatre comptent plus de 50 000 passages par an, et deux plus de 100 000 –, sans inclure de plus petits services, et les résultats sont comparés à un échantillon de médecins, pas uniquement hospitaliers.

Mais l’étude confirme le fait que les urgentistes sont à part : leurs résultats sont clairement différents de ceux du reste des médecins, et sont peu dispersés entre eux. Les pensionnaires des urgences se retrouvent sur des caractéristiques liées au travail, citées précédemment, mais aussi sur d’autres plus générales : ils sont par exemple hédonistes, moins intéressés par la sécurité et les traditions, plus réservés. Ils ont un sens esthétique plus développé, et ont besoin de reconnaissance.

Pour être urgentiste, il faut être…

Les chercheurs en tirent des conclusions sur les personnalités à associer aux programmes de formation américains, afin de faire baisser le nombre d’abandons dans la spécialité. Dis-moi qui tu es et je te dirai si tu peux être urgentiste ou si tu vas te planter.

Et vous, urgentistes de France, vous y retrouvez-vous ? Nous ne prendrons pas position sur l’hédonisme, mais la fibre commerciale semble en tout cas bien moins prononcée qu’ailleurs du côté de l'Amuf.

Source:

Jonathan Herchkovitch

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