Les jeunes médecins: grands perdants du Ségur ?

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Le 13 juillet, deux ministres ont signé les accords du Ségur de la santé. Côté médecins, plusieurs syndicats ont refusé de signer les textes en l’état. Pour eux, les jeunes ont été oubliés. 

Les jeunes médecins: grands perdants du Ségur ?

Après six semaines de négociations, les médecins hospitaliers ont obtenu une enveloppe de 450 millions d’euros. Cela doit couvrir, l’augmentation de l'indemnité d'engagement de service public exclusif (Iespe) et les formations à venir. “Ce sont de beaux chiffres, c’est vrai, souligne Anne Geffroy-Wernet présidente du SNPHARE, mais quand on regarde dans le détail, on découvre que 30 % de l’enveloppe est attribuée à 17 % des médecins, à savoir les plus âgés.” D’une voix calme et résignée, elle dénonce un manque de concertation, une absence d’écoute et un oubli des plus jeunes générations dans les revalorisations de carrière. “Les derniers échelons ont bien été revalorisés, mais ce n’est pas le cas des premiers”, ajoute-t-elle. Pour le ministre de la santé, Olivier Véran, cette revalorisation des derniers échelons s’explique par la nécessité de “conserver les talents à l'hôpital dans la durée”. Seulement, répondent le SNPHARE, Jeunes Médecins et l’APH si rien n’est fait pour attirer et garder les jeunes médecins, les départs seront de plus en plus nombreux.

Autre point de désaccord, l’augmentation de l'indemnité d'engagement de service public exclusif (Iespe) à 1.010 euros brut mensuels "pour tous les praticiens éligibles". Là encore, les syndicats expliquent que sa revalorisation était nécessaire, mais qu’elle n’est pas égalitaire puisqu’elle ne concerne pas les praticiens contractuels, même s’ils travaillent à temps plein en hôpital public. “L'indemnité d'engagement de service exclusif n'est pas accessible avec ce type de statut”, souligne Emmanuel Loeb, président du syndicat des Jeunes médecins. En 2018, le Centre National de Gestion (CNG), soulignait qu’un tiers des postes de PH serait occupé par des praticiens contractuels.

Le ministre nous a dit cash que c’était trop cher de payer toutes nos heures"

Dernier point de crispation : la non prise en compte du temps du travail. Les gardes n’ont pas été revalorisées pour les médecins hospitaliers. “Le ministre nous a dit cash que c’était trop cher de payer toutes nos heures, souligne Anne Geffroy-Wernet. Il a parlé de 500.000 euros d’économie par jour en France avec ce système de quatre gardes payées sur cinq.”

De fait, l’APH, le SNPHARE et Jeunes médecins n’ont pas signé le protocole d’accord. À leurs yeux, ce texte ne résout pas le principal problème de l'hôpital public : le manque d’attractivité. C’est pourquoi, plusieurs organisations syndicales demandent maintenant "l’ouverture rapide, dès la rentrée 2020, d’états généraux pour l’attractivité des carrières hospitalières" et parler cette fois-ci, des débuts de carrières.

Côté médecine libérale, les conclusions du Ségur laisse un goût d’inachevé. Pour le syndicat Reagjir, des pistes intéressantes ont été développées comme par exemple la coordination ville-hôpital ou l'exercice coordonné ambulatoire. Cependant, Reagjir appelle à “réévaluer et diversifier les modes de rémunération.” “On a toutes et tous étaient frustrés par ce Ségur, je pense, ajoute Caroline De Pauw, sociologue et directrice de l’URPS des médecins des Hauts-de-France. “Dans le texte final, il n’y a pas de prise en charge des rémunérations des libéraux, pourtant beaucoup de contributions avaient été envoyées en ce sens.”

Quant au gouvernement, il espère que l’ensemble de ces mesures permettront de relancer l’attractivité des carrières, notamment hospitalières. A ce jour 30 % des postes de médecins à l'hôpital ne sont pas pourvus.

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