Les Français et les gestes de premiers secours : une relation encore inaboutie

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On estime que 20% des Français ont suivi une formation aux gestes de premiers secours au cours de leur vie. Une proportion bien insuffisante quand chaque année, ce sont 50 000 personnes qui meurent d’un arrêt cardiaque, faute d’une prise en charge dans les minutes qui suivent. Entretien avec Johann Kalchmann, co-fondateur de Lifeaz, créateur d’un défibrillateur connecté.

Les Français et les gestes de premiers secours : une relation encore inaboutie

Se former aux gestes qui sauvent ? « Une urgence absolue » selon Johann Kalchmann. Ce constat l’a poussé en 2015 à co-fonder Lifeaz, startup française, avec ses associés, Martial Itty et Timothée Soubise. Les trois trentenaires issus du « monde des pacemakers » ont décidé de créer un défibrillateur connecté, pour équiper les particuliers et proposer des formations aux gestes de premiers secours.
 
« Les arrêts cardiaques causent 50 000 morts chaque année en France. Le taux de survie suite à ces arrêts est de seulement 5% car il faut intervenir dans les 4 minutes, d’où l’importance de savoir comment réagir », commente Johann Kalchmann. « Toutes les urgences finissent avec des médecins urgentistes mais commencent avec le premier témoin qui fait les gestes ».
 
En France, on estime que 20% de la population a suivi une formation à ces gestes au cours de sa vie. L’objectif du Gouvernement est d’atteindre les 80%, comme cela peut-être le cas au Danemark ou en Norvège par exemple.
 
Eviter les complications lors d’accidents courants
 
Les accidents les plus communs pourraient avoir des issues plus heureuses si plus de gens étaient formés à ces gestes. Des petits réflexes simples peuvent tout changer. « Arrêt cardiaque, étouffement, chute, brûlures, hémorragies ou encore malaises sont les principaux accidents dont les conséquences sont évitables si l’on sait réagir à temps », rappelle le startupper.
 
Comment mieux parler de l’importance de connaître les gestes de premiers secours ?
 
« Il faut dédramatiser, démocratiser le discours. Les gestes qui sauvent doivent être un savoir universel, accessible à tous », rappelle Johann Kalchmann. L’approche de Lifeaz, le digital et des jeux pour se rafraichir la mémoire. « On révise et on apprend. Une approche en ligne est intéressante pour découvrir ou revoir ce que l’on a déjà appris. Ensuite il est conseillé d’aller plus loin avec des formations en physique, même de quelques heures si l’on a peu de temps. Et après, des petites piqûres de rappel pour ne pas oublier les bases, au moins une fois par an ou même plus souvent si c’est sous forme ludique.»
Johann Kalchmann recommande aux foyers de s’équiper d’un défibrillateur. « Les immeubles et maisons sont souvent équipés d’un extincteur, pourtant, il y a 300 moins de morts par incendie que par arrêt cardiaque chaque année ».
Et pour ceux qui y voient un côté anxiogène ?  « Il faut comprendre que ces gestes permettent simplement de sauver une vie, d’être capable d’intervenir si on est un témoin d’un proche qui s’effondre. Les gestes sont simples et chacun peut les maitriser et en sachant le faire, on aborde au contraire plus sereinement une situation d’urgence ».
 

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