Les e-pharmaciens français vont se faire doubler par leurs confrères européens.

Article Article

[La chronique du pharmacien]​ Les e-pharmacies de l’Union européenne peuvent faire dorénavant de la publicité en France. Cette décision de la cour de justice de l’UE vient d’être validée par la Cour d’appel de Paris. Une avancée majeure qui ne fait pas que des heureux côtés pharmaciens en ligne.

Les e-pharmaciens français vont se faire doubler par leurs confrères européens.

785 : c’est le nombre d'e-pharmacies en ligne en France autorisées par les instances à vendre à ce jour certains médicaments en ligne. L’activité de e-commerce reste marginale dans la profession (il y a 21000 officines) et ne concerne au final qu’une poignée de pharmacies ayant pignon sur google. Les chiffres des ventes en ligne sont également là pour étayer la situation du e-commerce de médicaments : les patients consommateurs français n’ont pas adhéré à la vente en ligne de produits de santé proposés par les pharmacies en ligne française. 
Et pourtant, le e-commerce connaît depuis quelques mois un développement important pour de nombreux produits de consommation. La crise sanitaire a même joué un rôle d’accélérateur des commandes en ligne et des livraisons à domicile. 
Mais, seul ou presque, le médicament sans ordonnance reste encore peu commandé sur internet. Récemment le législateur a même autorisé les pharmacies françaises à payer pour avoir du référencement sur les principaux moteurs de recherche. Une façon d’aider au décollement de l’activité via des annonces en ligne. Cette mise en avant par la pub aurait dû aider à convertir les internautes en acheteurs. Mais les effets espérés tardent à se voir dans les commandes.

Pourquoi ?

À cette interrogation, deux approches sont envisageables. 
Tout d’abord, les Français sont peut-être encore attachés à leur pharmacie physique en bas de chez eux. 
Ils préfèrent le conseil de leur pharmacien plutôt que de cliquer sur le panier d’un site en ligne. Le regroupement des pharmacies et la création de chaînes apportant plus de services et de prix peuvent également expliquer que beaucoup de consommateurs se retrouvent dans leurs achats physiques. C’est une première approche de la situation actuelle.
À l’opposé, le consommateur n’a peut-être pas trouvé sur internet l’offre qui corresponde à son attente. 
Car, je ne sais pas si vous avez fait l’expérience, mais essayez de commander un médicament conseil en ligne. Ce n'est pas forcément aussi “fluide” que les  sites de vente en ligne traditionnels.
C’est donc dans cette faille que certains acteurs veulent s’engouffrer. 
Des e-pharmacies européennes ont en effet compris très rapidement l’enjeu de ce nouveau marché. Elles ont mis en place une véritable stratégie marketing et commerciale pour séduire les clients. Originaires des Pays-Bas ou de la Belgique par exemple, ces e-pharmacies veulent faire exploser le monopole créé en France aussi sur internet. Le but est de permettre aux patients français de découvrir une autre façon d’acheter des médicaments en ligne. La récente décision de justice publiée va totalement dans ce sens c'est-à-dire vers une libéralisation du marché.
À côté de ces e-pharmacies européennes, Amazon est également prêt à conquérir ce marché. 
Même si en coulisse le lobbying bat son plein auprès de nombreux décideurs, pour l’instant la protection réglementaire tient encore le choc. Il ne serait pas étonnant que le géant du e-commerce arrive lui aussi à proposer une offre pour les consommateurs français d’ici quelque temps.
En conclusion, cet échec de la e-pharmacie made in France est très probablement lié à une mauvaise gestion de l’opportunité offerte il y a quelques années. 
L’autorisation de vente en ligne s’est en effet accompagnée d’une euphorie vers ce nouvel eldorado. Les sites en ligne ont envahi la toile très rapidement sans se soucier du contenu ni des attentes des futurs clients. Le résultat est qu’aujourd’hui plus de 700 sites sont en ligne et le consommateur semble perdu sur la toile.

Car beaucoup de pharmaciens ont oublié une chose : faire de la vente en ligne est bien différent de la vente au comptoir. Les recettes qui marchent dans la vie réelle ne fonctionnent pas forcément sur le net.
 

Les gros dossiers

+ De gros dossiers